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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

dirigée vers le haut et la verticale dirigée vers le bas. Ainsi en est-il des traits et des flèches… »

« En disant que les projectiles ont au milieu la plus grande intensité de leur mouvement, Aristote n’entendrait pas parler du milieu du mouvement même dont chaque projectile se meut, mais ce terme se rapporterait au caractère local du mouvement dont il est mû (ὅτι τοῖς ῥιπτουμένοις ἀνὰ μέσον λέγοι ἂν οὐ τῆς ἰδίας αὐτῶν κινήσεως, ἣν κινοῦνται, τὸ μέσον λαμβάνων ἀλλὰ τῆς κατὰ τόπον, ἐν ὧ κινοῦνται.) »

Si tel était vraiment le sens des paroles d’Aristote, il serait permis de penser qu’il a parlé pour ne rien dire, et ce n’était guère son habitude.

Simplicius a donc raison de dire : « Ce n’est point du tout par rapport au lieu qu’Aristote prend le commencement, le milieu et la fin, mais bien par rapport au temps, et à l’égard du mouvement. » Mais en rejetant l’explication d’Alexandre, il n’en propose aucune qui lui soit propre.

Thémistius avait, en quelques mots, fidèlement exprimé la pensée d’Aristote[1] : « Par contre, les corps qui se meuvent de côté [c’est-à-dire horizontalement], comme les flèches qu’on lance, ont leur plus grande vigueur au milieu du mouvement. » Pour Averroès, interprète fort peu perspicace, en cette circonstance, de la pensée d’Aristote, « les corps qui prennent de la vigueur au milieu de leur mouvement sont les corps qui sont mus par la volonté[2]. »

Non moins infidèle à l’intention du Stagirite, mais imitateur d’Alexandre d’Aphrodisias, Albert le Grand pense[3] que les mouvements qui présentent, au milieu, leur plus grande puissance sont les mouvements des animaux.

Saint Thomas d’Aquin, qui cite les commentaires de Simplicius, leur emprunte l’exposé des opinions d’Alexandre d’Aphrodisias.

1. Themistii Peripatetici Lucidissimi Paraphrasis In Libros Quatuor Aristotelis de Cælo nunc primum in lucem edita. Moyse Alatino Hebraeo Spoletino Medico, ac Philosopho Interprete. Venetiis, apud Simonem Galignanum de Karera. MDLXXIIII. Fol. 29, ro. — Themistii In libros Aristotelis de Caelo paraphrasis Hebraice et Latine. Edidit Samuel Landauer. Borolini, MCMII. Trad. latine, p. 105.

2. Averrois Cordubensis In libros Aristotelis de Cælo commentaria, lib. II, summa II, quœsitum V, comm. 35.

3. B. Alberti Magni De Cælo et Mundo, lib II, tract. II, cap. V : De qualitate motus cæli et qualiter motus inferiorum orbium colligitur ex motibus multis ; et in eo est digressio tangens diversitatem opinionum circa causam diversitatis motuum sphœrarum inferiorum.

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