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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

un mouvement simple ; on n’y rencontre aucun mouvement composé, tandis que dans les mouvements naturels, on trouvait le mouvement simple et le mouvement composé [de naturel et de violent].

» Ce mouvement violent simple, celui de la pierre qui est lancée vers le haut, s’arrêterait au moment où la pierre quitte la main qui la projette ; aussi Aristote dit-il que, dans ces deux mouvements, la puissance de l’air est employée à titre d’instrument.

» Par ces deux mouvements, il entend le mouvement naturel et le mouvement violent. L’air, en effet, vient en aide au moteur qui meut de mouvement naturel, et il vient aussi en aide à ce qui, dans le mouvement violent, produit la violence.

» Il y a lieu d’examiner si l’air vient seulement en aide au mouvement naturel ou bien s’il est nécessaire dans ce mouvement naturel.

» On a pensé, en effet, qu’un corps pouvait, sans le secours de l’air, se mouvoir de mouvement naturel ; on a jugé aussi qu’il en était de même du mouvement violent. Selon cette opinion, l’air, dans ces deux mouvements, serait seulement un adjuvant ; il ne serait pas nécessaire.

» Et en effet, lorsqu’on use d’un instrument pour mouvoir quelque chose, il peut arriver qu’on en use seulement pour mouvoir mieux et plus facilement ; il peut arriver aussi qu’on en use par nécessité, parce que, sans le secours de cet instrument, on ne pourrait produire le mouvement désiré.

» C’est aussi le lieu de rechercher pourquoi le mouvement est impossible dans le vide ; pourquoi il est également impossible au sein d’un corps qui ne pâtit aucunement de la part du mobile, qui n’est pas divisé par ce mobile. S’il en est ainsi, en effet, il est nécessaire que tout mouvement ait lieu au sein d’un corps qui possède la disposition de l’air ou de l’eau.

» Mais si le mouvement est possible dans l’air en tant que l’air se laisse diviser par le mobile, l’air sera, pour le mouvement, un adjuvant, car la division de cet air sera une condition de l’existence du mouvement ; en outre, il sera nécessaire à ce mouvement, car s’il n’y avait pas division de l’air, il n’y aurait pas mouvement.

» D’autre part, en tant qu’il se meut avec le corps qui est mû de manière naturelle ou par violence, l’air paraît jouer, dans ces deux mouvements, le rôle d’adjuvant ; parce qu’à son tour, il meut le mobile. Certains pensent que le mouvement