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LE MOUVEMENT DES PROJECTILES

Graziadei expose alors la théorie d’Aristote telle que l’ont comprise Averroès et Saint Thomas d’Aquin ; il la complète en un seul point ; si chacune des parties de l’air, après avoir été comprimée par le projectile en mouvement, revient à sa densité naturelle, c’est sous l’influence de la cause génératrice universelle.

« Il y a donc trois choses dont la coopération est nécessaire à la conservation du mouvement du projectile, après qu’il a quitté l’instrument de jet : La raréfaction ou la condensation des parties du milieu au delà de leur état naturel. La réaction élastique (diffusio) des parties les unes sur les autres, réaction par laquelle les parties poussent le projectile et se poussent les unes les autres. Enfin la vitesse du mouvement du milieu qui surpasse la vitesse du mouvement naturel du mobile.

» Or cette réaction élastique des parties les unes sur les autres s’opère, nous l’avons dit, sous l’influence de la cause génératrice universelle ; celle-ci coopère donc, d’une manière secondaire et indirecte, à la conservation de la force d’impulsion qui a été imprimée dans le projectile.

» D’autres disent qu’au mouvement rectiligne de projection, concourt la contre résistance de l’air qui est attiré vers le lieu où le mobile l’a divisé. Cet air que la division a fait sortir de l’état qui lui convient se referme avec véhémence ; il est attiré vers le lieu où la division s’est produite. Cette traction est due à l’action du premier agent qui contient toutes choses ; celui-ci, en effet, agit de tout son pouvoir pour empêcher la production de tout espace vide, et toute séparation entre les corps contenus dans sa concavité. Cet air, violemment tiré et refermé, appuie sur le projectile et le contrepousse. Ici encore, la cause génératrice universelle, par son action, coopère d’une manière secondaire et indirecte, à la conservation de la vertu que l’instrument de jet a imprimée dans le mobile. »

Cette dernière théorie, c’est celle que Jean de Dumbleton enseignait, celle qui était communément reçue à l’Université d’Oxford ; elle était toute imprégnée des doctrines physiques de Roger Bacon.

Contre l’explication qui devait ravir sa préférence, Graziadei a, d’abord, fait valoir certaines objections ; il les lui faut maintenant résoudre ; voici comment il le fait.

La première objection, dit-il, « procède d’une crédulité erronée et d’un soupçon mal fondé. Sans doute, l’impétuosité du vent retarde quelque peu le mouvement de Fair mû en sens contraire et, par conséquent, le mouvement de la flèche ;