de ce qui l’a lancé et non pas par les diverses parties du milieu au travers duquel il se trouve porté ; cela se montre en la flèche lancée au travers de l’air ; on ne saurait comprendre ni prétendre que cette flèche soit mue par suite de l’impulsion qu’exerceraient les diverses parties de l’air ; il apparaît, en effet, d’une manière sensible, que l’air ne produit pas ce mouvement, mais, bien plutôt, qu’il lui offre un obstacle. »
Ainsi, entre les années 1320 et 1340, il y avait déjà, à Paris, des physiciens qui attribuaient le mouvement des projectiles à une certaine vertu motrice, à un certain impetus imprimé dans le mobile au moment du jet. Jusqu’où avaient-ils poussé les conséquences de cette hypothèse ? Les trop minces renseignements que nous possédons ne nous permettent pas de le dire. Mais voici que Jean Buridan va tirer de cette supposition un système complet de Dynamique.
Le système de Dynamique que Jean Buridan développe, dans ses Questions sur la Physique, va, pendant deux siècles, s’imposer à la pensée de l’École nominaliste de Paris ; les maîtres de cette École, d’ailleurs, se borneront à exposer ce système, plus ou moins clairement, plus ou moins complètement, sans y rien ajouter d’essentiel, comme s’il était sorti pleinement achevé du génie du physicien de Béthune. Accueilli, non sans grande résistance, par les Géomètres italiens qui, au temps de la Renaissance, luttaient contre l’Aristotélisme et l’Averroïsme routinier des Universités, il se développera sous l’influence de leur science mathématique pour engendrer la doctrine mécanique de Galilée et de ses émules. La Mécanique de Galilée, c’est, peut-on dire, la forme adulte d’une science vivante dont la Mécanique de Buridan était la larve. C’est assez dire quelle attention l’historien de la Cosmologie doit accorder à la théorie de l’impetus enseignée par le vieux maître parisien.