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LE MOUVEMENT DES PROJECTILES

Philopon avait autrefois exposée, celle qui accorde à la flèche, pendant toute la durée de son mouvement, un moteur conjoint, et qui cherche ce moteur dans une force imprimée (virtus impressa) par l’arc au projectile ; le nom le plus communément donné par les Parisiens à cette force imprimée est celui d’impetus.

Dès le temps où Guillaume d’Ockam enseignait à Paris, et mieux encore au temps qui suivit immédiatement sa fuite, l’explication du mouvement des projectiles par l’hypothèse de l’impetus comptait des partisans aussi bien que des adversaires parmi les disciples de Scot. Divers textes nous en donneront la certitude.

L’un de ces textes est du franciscain François de Meyronnes, le Magister formalitatum. Il se trouve au commentaire composé par cet auteur sur le second livre des Sentences. Du commentaire au premier livre des Sentences, écrit par François de Meyronnes, on possède deux rédactions distinctes ; l’une est datée de 1320, l’autre, nommée Conflatus, de 1321 ; le commentaire au second livre fut, sans doute, écrit vers le même temps ; il le fut, en tout cas, avant 1327, date de la mort de l’auteur.

Donc, à propos du second livre de Pierre Lombard, François pose cette question[1] :

« Les projectiles sont-ils mûs par quelque forme intrinsèque ? »

« Il semble que oui, répond notre auteur, car le moteur est conjoint au mobile ; donc, etc. Mais à l’encontre est cette raison qu’ils seraient alors mûs naturellement.

» Quelques personnes disent, à ce propos, que les projectiles sont mûs par une certaine forme imprimée et que le projectile est en mouvement, tant que meut cette forme ; le mouvement continue, en effet, même si celui qui a lancé le projectile 2 vient à être anéanti.

» Mais, contre cette opinion, on peut argumenter de quatre manières :

» En premier lieu, il est impossible qu’une forme de même nature incline le mobile en des sens contraires ; or c’est la même forme et de même nature qui serait imprimée que le mobile

1. Preclarissima ac multum subtilia egregiaque scripta illuminait doc. F. Francisci de Mayronis ordinis Minorum in quatuor libros sententiarum. Ac quolibeta eiusdem. Cum tractaiibus Formalitatum. Et de primo principio. Insuper explanatione divinorum terminorum. Et tractatu de untvocatione entis. Colophon : Venetijs Impensa Heredum quondam domini Octaviani Scoti. Modoetiensis : ac Sociorum, 24 April. 1520. In Secundum sententiarum luculentissimum scriptum. Dist. XIV, quæst. VII, fol. 151, col. b. et c.

2. Le texte porte : prohibente, au lieu de : projiciente.

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