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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

rimentale que le vide n’existe pas ; donc etc. La majeure est connue, car la Physique est fondée sur l’expérience (Philosophia naturalis juridatur super experientiam). La mineure est évidente, car l’expérience nous enseigne que personne ne pourrait séparer un corps d’un autre, si un troisième corps ne s’interposait. Si les trous d’un soufflet étaient bien clos, de telle façon qu’aucun corps ne pût pénétrer à l’intérieur, l’expérience montre que cent chevaux ne pourraient séparer l’une de l’autre les parois du soufflet, à moins que l’une d’elles ne se rompît ou qu’il ne se fît par ailleurs quelque ouverture par laquelle un corps pût entrer. »

Dans ses Questions, Marsile d’Inghen prouve également par l’expérience l’impossibilité du vide :

« En second lieu, dit-il[1], cela se prouve par les expériences qui se trouvent au Traité du vide (per experientias quæ ponuntur in Tractatu de inani et vacuo). Les corps naturels, en effet, se meuvent contrairement à leurs inclinations propres, afin que le vide ne se produise pas.

» La première expérience est celle de l’eau qui monte pour éteindre une chandelle recouverte d’un vase.

» La seconde expérience est la suivante : Que l’on fasse un vase ayant deux jambes, l’une plus longue que l’autre ; si l’on plonge Je plus petit bras dans l’eau et qu’on aspire l’air par le bras le plus long, l’eau montera par le bras le plus court, ce qu’elle ne ferait point si ce n’est pour empêcher qu’il n’y eût de vide.

» La troisième expérience montre qu’un grave soulevé, et que rien ne retient, ne tombe pas, afin que le vide ne se produise pas ; ainsi, dans les choses d’ici-bas, le vide ne peut être produit par un agent naturel. La prémisse se prouve ainsi : Soit un vase qui a, en bas, un grand nombre de petits trous et ; en haut, un grand orifice ; on le remplit d’eau, et on bouche l’orifice supérieur ; alors, l’eau ne tombe pas par les orifices inférieurs ; cela ne saurait être, sinon pour empêcher le vide,. » Marsile d’Inghen nous rapporte donc trois expériences de Philon de Byzance, dont une est fort régulière et caractéristique ; il nous les rapporte dans l’ordre même où Philon les présente ; il ajoute qu’elles sont racontées, avec beaucoup d’autres, dans un certain Tractatus de inani et vacuo. Il n’en faut pas davantage

1. Quæstiones Johannis Marcili Inguen super octo phijsicomm libros ; lib. IV, quæst. XIII.

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