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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

plupart des objections contre la Dynamique d’Aristote ont été soulevées par les Maîtres en Théologie, alors que leur commentaire aux Sentences les amenait à traiter du mouvement des anges ? Cette remarque, d’ailleurs, Pierre de Candie ne se fait pas faute de la signaler[1] :

« En réalité, dit-il, Aristote n’a pas vu comment un être pouvait être en un lieu d’une façon définitive (diffinitive). » C’est ainsi qu’au gré des théologiens de l’École, un esprit angélique peut se trouver logé. « Il a nié, dès lors,, qu’un indivisible pût se mouvoir de mouvement successif ; il s’imaginait, en effet, qu’aucun mobile ne pouvait résider en un lieu, si ce n’est d’une façon circonscriptive (circumscriptive). Mais la lumière de la foi a permis aux théologiens de voir de plus haut ; ils ont ainsi découvert aux choses nombre de manières d’être que les philosophes avaient entièrement ignorées ; on doit donc purement et simplement accorder que des intelligences séparées de la matière peuvent formellement se mouvoir de mouvement successif. »

C’est vraiment la Théologie catholique qui a brisé le joug imposé à la raison humaine par la Physique d’Aristote ; celui qui nous l’affirme, c’est le futur Alexandre V.

  1. Pierre de Candie, loc. cit., ms. cit., fol. 175, col. c.