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LE VIDE ET LE MOUVEMENT DANS LE VIDE

ils qu’un vide illimité s’étend au-delà de la sphère qui borne l’Univers.

Lorsque la Philosophie de l’Islam, à ses débuts, connut la Physique d’Aristote, elle en adopta d’emblée la plupart des propositions essentielles et, en particulier, celle qui niait la possibilité du vide aussi bien à l’extérieur de la sphère qui borne l’Univers qu’à l’intérieur de cette sphère.

Déjà, nous entendons Alfârâbî formuler[1] ces deux propositions, qui sont comme les thèses soutenues par Aristote au IVe livre de la Physique :

« La surface limite du corps enveloppant et du corps enveloppé se nomme lieu.

» Il n’y a pas de vide. »

Les Frères de la Pureté et de la Sincérité adoptent pleinement, au sujet du vide, l’enseignement péripatéticien. Au quinzième traité de leur Encyclopédie, ils déclarent[2] que « le mot vide désigne un lieu libre dans lequel il ne se trouve rien de logé. Or le lieu est une des propriétés du corps, qui ne pfeut résider qu’en un corps et qui ne se rencontre qu’en un corps… Partant l’existence du vide est absurde… Cette démonstration rationnelle prouve qu’il n’existe de vide ni à l’extérieur ni à l’intérieur de l’Univers. »

Avicenne, à son tour, réprouve l’existence du vide aussi formellement qu’Aristote. En l’exposé de sa philosophie que nous a donné son disciple Al Gâzâli, nous retrouvons[3], à l’appui de cette proposition : Il ne peut y avoir de vide, les principales démonstrations développées par le Stagirite au quatrième livre de la Physique.

Les philosophes de l’Islam, sectateurs convaincus d’Aristote, étaient donc unanimes à rejeter le vide. Les théologiens, au contraire, les Motekallemîn, qui voyaient dans la philosophie d’Aristote la grande ennemie du dogme, ne songeaient qu’à

1. Alfârâbî’s Philosophische Abhandlungen. Aus dem Arabischen übersetzt von Dr F. Dieterici. Leiden 1892. Die Hauptfragen von Abu Nasr Alfarabi, XVI ; p. 100.

2. Die Philosophie der Araber im IX. und X. Jahrhundert n. Chr. aus der Theologie des Aristoteles, den Abhandlungen Alfârâbî’s und den Schriften der Lautern Brüder. Herausgegeben und übersetzt von Dr Friedrich Dieterici. Vtes Buch. Die Naturanschauung und Naturphilosophie. 2te Ausgabe, Leipzig, 1876. II, pp. 28-29.

3. Logica et Philosophia Algazzlis Arabis, Incivil liber philosophie Algazelis, Lib. H, tract, i, cap. V : Quod non catur vacuvm ; foLjsign. g 2, recto. Colophon : …Enplicit opus logice et philosophie Aigazelis a.abis nuperrime impressum ingenio et impensis Pétri Liechtensteyn Coloniensis.Ar.no virginei partus 1506. Idjbus februarijs sub hemispherio Ueneto.

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