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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

tribuées en plusieurs petits traités dont le cinquième a pour objet de discuter Du maximum et du minimum, c’est-à-dire des bornes des puissances actives on passives. « Ou bien, dit notre auteur[1], la puissance active a pour terme le maximum de ce qu’elle peut (maximum in quod potest) ou bien elle a pour terme le minimum de ce qu’elle ne peut pas (minimum in quod non poterit) cette puissance donnée. En effet, comme la puissance active de Sortes est une puissance finie, on pourra assigner ou bien un maximum à ce que Sortes est capable de porter ou bien un minimum à ce qu’il est incapable de porter. »

Entre ces deux façons de définir la force portante de Socrate, quelle est celle qu’il convient de choisir ? La seconde ; on doit dire quelle est la plus petite des charges que Socrate est incapable de porter. On peut encore assigner « le poids maximum parmi ceux qui peuvent être portés par tout homme plus fort que Socrate. »

Heytesbury admet donc la conclusion que nous avons entendu formuler par Buridan, par Albert de Saxe, par Oresme ; mais ce que nous ne retrouvons pas, aux Regulæ du logicien d’Oxford, ce sont les raisonnement clairs et concluants des maîtres de Paris ; à la place de ces raisonnements, nous trouvons plusieurs pages d’exemples compliqués, de sophismes bizarres, de discussions épineuses ; on ne saurait mieux voir le contraste qui existait au xive siècle, entre l’esprit d’Oxford et l’esprit de Paris qu’en comparant ce qu’ont décrit, au sujet de cette même question du maximum et du minimum, Heytesbury, d’une part, et Albert de Saxe, d’autre part.

Les raisonnements clairs et précis auxquels les maîtres de l’Université de Paris avaient accoutumé de recourir, nous pouvons les retrouver, cependant, dans un ouvrage attribué au Chancelier d’Oxford.

La collection des écrits de ce logicien se termine par un traité qui est intitulé : Preclarissimi viri ac subtilissimi sophistæ Guilelmi Hentisberi probationes profundissimæ conclusionum in regulis positarum. Comme ce titre l’indique clairement, l’objet de ce traité est de donner la démonstration de nombreuses propositions énoncées, sans preuve suffisante, au traité De sensu composito et diviso ou bien aux Regulæ solvendi sophismata.

  1. Regulæ solvendi sophismata preclarissimi Magistri Gulielmi Hentisberi De maximo et minimo. Éd. cit., fol. 29, coll, c et d, et fol. 30, col. a.