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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

Walter Burley, à Jean Buridan, à Albert de Saxe sur l’art de concevoir avec exactitude la notion de limite et d’en discourir en un langage rigoureux.

Il est vraisemblable que cette lecture n’eût rien appris non plus à Nicole Oresme.

Achevé en 1377, le Traité du Ciel et du Monde de cet auteur est de neuf ans postérieur aux Subtilissimæ quæstiones in libres de Cælo et Mundo d’Albert de Saxe ; de ces Questions, il partage presque toutes les opinions ; c’est ce qu’il fait, en particulier, au sujet de la manière dont une puissance active doit être définie ; voici, en effet les conclusions qu’il pose[1] en un chapitre du premier livre qui est ainsi intitulé : « Ou XXIX chapitre il détermine de ce qui est possible au regart daucune puissance. »

« Et pour ce di Je que toute puissance ou regart de sa résistance qui est équale à elle en vertu de résister telement que ce est la très plus petite résistance de toutes celles en quoy ceste puissance ne puet, et puet en toute mendre, sauf, en ce qui sera dit asses tost après…

» Et par aventure une puissance autre est telle quelle ne puet en grandeur et en petitesse. Et est déterminée à la très plus petite de celles où elle ne puet, pour ce quelles sont trop grandes et trop loing. Et à la très plus grande de celle où elle ne puet pour ce que elles sont trop petites et trop près ; si comme est la puissance d’une chose visible. »

Entre les deux universités de Paris et d’Oxford, les communications étaient incessantes ; Swineshead nous a appris que les maîtres d’Oxford s’attachaient à examiner les doutes de Paris ; nous ne saurions donc nous étonner de voir, à Oxford, les contemporains d’Albert de Saxe et de Nicole Oresme professer, au sujet des questions qui nous occupent, des doctrines toutes semblables à celles que l’on enseignait rue de Fouarre.

Dès 1330, un William Heytesbury[2] est mentionné comme fellow du Merton College ; en 1338, il est boursier ; en 1338 et 1339, on retrouve son nom dans les listes d’examens de ce collège. En 1340, parmi les premiers élèves du Queen’s College, on trouve un William Heightilbury qui n’est autre, probablement, que Heytesbury. De 1340 à 1341, aucun document ne nous présente son nom ; mais en 1371, nous retrouvons William Heighter-

  1. Bibliothèque nationale, fonds français, ms. no 1083, fol. 24, coll. b et c.
  2. R. L. Poole, art. : Heytesbary (William) in Dictionary of National Biography, edited by Sidney Lee ; vol. XXVI, pp. 327-328.