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L’INFINIMENT PETIT ET L’INFINIMENT GRAND

quée, la clarté disparaît toujours et la vérité est bien souvent éclipsée, C’est ainsi qu’on chercherait en vain, dans les écrits de Swineshead et de Dumbleton, une vue nette de ce que Buridan a si bien aperçu : Aux effets qu’une puissance est capable de produire, ou peut assigner une limite supérieure dont ces effets s’approcheront autant que l’on voudra mais qu’ils n’atteindront jamais.

Nous avons parlé de ces cahiers de philosophie où un étudiant parisien a inséré des extraits et des résumés de la Summa de Dumbleton. En ces cahiers, la pensée de Dumbleton est présentée en ces termes[1] :

« Lorsque l’on veut connaître les termes des puissances, on conçoit qu’une puissance est déterminée par la difficulté maxima in quod sic ; elle donne la difficulté maximum dont cette puissance suffit à triompher ou la difficulté minimum qu’elle ne peut vaincre. »

Ces expressions abrégées : maximum in quod sic, minimum in quod non, ne se rencontrent ni dans les écrits de Swineshead, ni dans ceux de Dumbleton, ni dans ceux de Buridan ; en revanche, les auteurs qui viendront après ceux-ci en feront un fréquent emploi ; nous allons les trouver, par exemple, en certaines questions attribuées à Robert Holkot.

On donne l’année 1349 comme étant celle de la mort du Dominicain Robert Holkot, dont nous possédons des Questions sur les quatre livres des Sentences[2]. Volontiers, nous attribuerons la rédaction de cet ouvrage à une date plus récente.

Aux Questions sur les livres des Sentences de Robert Holkot sont jointes les Déterminations de quelques autres questions. Ces Déterminations sont-elles également l’œuvre du Docteur dominicain ? Josse Bade, qui les a éditées, nous donne cet avertissement : « Beaucoup supposent que ces questions ont été réunies par les disciples d’Holkot ou que celui-ci, au cours de son enseignement, les a professées en quelque gymnase public ; d’autres prétendent qu’elles ont été écrites par lui-même. » C’est assez dire que l’authenticité de ces questions est douteuse et incertaine l’époque de leur rédaction.

La première de ces déterminations débute par un article où

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 16621, fol. 159, vo.
  2. Magistri Roberti Holkot Super quatuor libros sententiarum questiones, Quedam conferentie. De imputibilitate peccati questio longa, Determinationes quarundam aliarum questionum. Tabule duplices omnium predictorum. Colophon : Hujus operis diligenter impressi Lugdunia magistro Johanne Trechsel alemano, anno salutis nostre MCCCCXCVII, ad. nouas Aprilis. registrum…