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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

minimum in quod non potest ; alia per maximum in quod non potest vel minimum in quod potest. »

Le nom de Jean de Dumbleton[1] apparaît en 1331 sur les registres du Merton College d’Oxford ; le 27 septembre 1332, Jean de Dumbleton est présenté pour la cure de Rotherfield Peppart, près Henley, en l’archidiaconé d’Oxford ; en 1334, il résigne cette charge. En 1338 et 1339, nous le voyons prendre part à des assemblées du Merton College ; en février 1340 (1341, style actuel), il est nommé parmi les premiers fellows de Queen’s College, aux statuts originaux de ce collège. Nous le retrouvons de nouveau, en 1344 et en 1349, au Merton College.

De Jean de Dumbleton, on possède un volumineux ouvrage, qui n’a jamais été imprimé, et dont les manuscrits sont intitulés Summa logicæ et naturalis philosophiæ ou Summa de logicis naturalibus : certains mêmes portent ce titre, tort peu approprié au sujet : Summa de theologia major. Les cahiers de philosophie qui ont fourni des extraits du De primo motore de Swineshead, renferment également des extraits de la Summa de Dumbleton ; en outre, la Bibliothèque Nationale possède un exemplaire complet de cet ouvrasge[2].

Or, en cet ouvrage, Jean de Dumbleton consacre les deux premiers chapitres de la sixième partie aux questions qui sont, pour Swineshead, l’objet des deux derniers Doutes de Paris.

Au premier de ces chapitres[3], l’auteur énumère les diverses opinions que l’on peut émettre au sujet des bornes d’une puissance ; celle qu’il cite en dernier lieu et qui a ses préférences est ainsi formulée : « La troisième thèse dit que tout agent est déterminé par une action naturelle telle qu’il ne puisse accomplir aucune action plus grande. »

C’est la justification de cette thèse qui fait l’objet du second chapitre[4], intitulé ainsi : « On se demande ensuite s’il existe une action maximum qu’un homme soit en état de faire. »

L’argumentation de Swineshead et de Dumbleton est, en ces circonstances, ce qu’était presque toujours, à cette époque, l’argumentation de l’École d’Oxford : Un tissu de paradoxes et de sophismes, emmêlés d’une manière inextricable, que l’on noue pour le plaisir de les délier. En ces jeux d’une dialectique compli-

  1. R. L. Poole art. Dumbleton (John of) in Dictionary of National Biography, edited by Sidney Lee, vol. XVI, p. 146.
  2. Bibliothèque Nationale, fonds Latin, ms. no 16146.
  3. Johannis de Dumbleton Summa, pars sexta, cap. I ; Bibl. Nat., fonds latin, ms. no .16146, fol. 57, col. a.
  4. Johannis de Dumbleton op. laud., Pars VI, cap. II ; ms. cit., fol. 59, col. a.