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L’INFINIMENT PETIT ET L’INFINIMENT GRAND

chancelier d Oxford[1]. On doit à ce Swineshead un traité de Physique intitulé De primo motore, dont divers exemplaires manuscrits sont conservés dans les Bibliothèques anglaises et dont des extraits très confus et très peu lisibles figurent en des cahiers de philosophie que possède la Bibliothèque Nationale[2]. Or, en ce traité, Maître Swineshead s’attachait[3], pour les puissances actives et passives, à poser des distinctions relatives au maximum et au minimum ; il considère le maximum en lequel une puissance peut agir (maximum in quod potest) et le maximum en lequel elle ne peut plus agir (maximum in quod non potest).

Les cahiers de Philosophie dont nous venons de parler nous ont conservé, outre des extraits étendus du De primo motore, la discussion de trois questions[4] qui semblent être de Swineshead et qui sont intitulées[5] Les trois doutes de Paris, Tres dubia parisiens. Or, de ces trois Doutes de Paris, les deux derniers sont précisément consacrés au problème qui nous occupe en ce moment.

Le second doute[6], en effet, a pour objet, d’examiner s’il existe un poids maximum qu’un homme puisse porter ; cet homme, on l’appelle Socrate ou, par abréviation, Sortes : Utrum sit dare maximum pondus quod homo Sortes potest portare. C’est sous cette forme que s’énoncera maintenant le problème de la limite supérieure d’une puissance. À Oxford comme à Paris, les puissances qui soulèvent des poids, les mobiles qui parcourent des chemins ne s’appelleront plus A et B. mais Sortes et Plato. De cette coutume, les Humanistes de la Renaissance feront des gorges chaudes ; Agostino Nilo nommera des Sorticoles (Sorticolæ) les dialecticiens de Paris et d’Oxford, avec lesquels il eût été fort en peine de rivaliser en exactitude logique.

Le troisième doute de Paris commence en ces termes[7] « Touchant la fin ou le terme d’une puissance active ou passive, on pose deux distinctions ; l’une se fait par le maximum de ce que la puissance peut ou par le minimum de ce qu’elle ne peut pas ; l’autre par le maximum de ce qu’elle ne peut pas ou par le minimum de ce qu’elle peut (una per maximum in quod potentia potest vel

  1. Wood, History of Antiquities of Oxford, I, p. 448. — C. L. Kingsford art. Swineshead (Richard) in Dictionary of National Bibliography, edited by Sidney Lee, vol. LV, p. 231.
  2. Bibliothèque nationale, fonds latin, Ms. no 16621.
  3. Ro. Swineshead De primo motore, Differentia VIIIa, cap. I ; ms. cit. fol. 81, ro.
  4. Ms. cit., fol. 85, ro, à fol. 92, vo.
  5. Ms. cit., fol. 13, vo.
  6. Ms. cit., fol. 87, ro, à fol. 88, vo.
  7. Ms. cit., fol. 88, vo.