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LA LATITUDE DES FORMES À OXFORD

luminosi. — XIII. De motu locali. — XIV. De medio non resistente. — XV. De medio uniformiter difformi. — XVI. De inductione gradus summi. — XVII. De acquisitione alterationis.

La seule lecture de cette table manifeste l’analogie qui existe entre le plan du traité du Calculateur et ceux de trois ouvrages décrits en ce qui précède : Le Tractatus de primo motore de Swineshead, la Summa de Jean de Dumbleton, enfin le Tractatus de sex inconvenientibus ; nous sommes en présence de quatre traités de la même famille. La comparaison entre la table des matières du Liber calculationum et celle du Tractatus de primo motore suffirait également, à démontrer, à défaut de témoignage direct, que ces deux ouvrages ne sauraient être du même Swineshead ; un seul et même auteur n’écrit pas deux ouvrages si semblables par leur objet et si différents par leur composition.

Le Liber calculationum nous présente, parvenus à leur plein développement, tous les défauts de l’École d’Oxford ; les discussions sophistiques en forment le fond constant ; elles ont ravi d’admiration les ergoteurs pour qui la Philosophie n’avait plus d’autre objet que de fournir matière à dispute ; en ce livre, ils trouvaient un véritable arsenal de roueries et de chicanes ; livre médiocre et sans originalité, d’ailleurs, où l’on ne saurait, découvrir la moindre pensée qui n’ait été maintes fois agitée, retournée, examinée sous toutes ses faces par les docteurs de Paris ou d’Oxford, le Liber calculationum est l’œuvre d’une Science sénile et qui commence à radoter ; le succès prodigieux que cette œuvre va rencontrer à Paris, la grande vogue dont elle jouira auprès de tout un parti de maîtres italiens, signalent vraiment la décrépitude de la Scolastique ; les Humanistes ne s’y tromperont pas, et lorsqu’ils voudront cribler de traits mortels les universités et ce qu’on y enseigne, ils sauront où viser ; les calculationes de Suiseth seront le point vulnérable vers lequel, de préférence, ds dirigeront leur tir.

Cependant, les propos ennuyeux qu’un vieillard ressasse peuvent être bons à entendre et précieux à retenir ; ils nous transmettent les connaissances acquises au temps où ce vieillard était jeune ; ils sont la tradition, sans laquelle aucun progrès ne serait possible ; même en ce Liber calculationum, dont les arguties compliquées les rebutaient, les étudiants de la Renaissance eussent pu trouver de précieuses vérités, héritage des maîtres nominalistes du xive siècle ; ils y eussent reconnu, en particulier les legs de Nicole Oresme.

En effet, tout comme la collection de sophismes intitulée : A est