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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

vitesse double ; durant la septième, il se meut uniformément ; et ainsi alternativement sans fin. Je dis qu’en l’heure entière, le mobile parcourra un chemin qui est trois fois et deux tiers de fois le chemin parcouru en la première partie proportionnelle. »

Nous reconnaissons un des problèmes que Nicole Oresme a résolus en son Tractatus de figuratione intensionum. La solution donnée par le maître d’Oxford est équivalente, cela va sans dire, à celle qu’a donnée le Maître parisien ; nous pourrions dire plus exactement qu’elle lui est, au fond, identique ; mais Oresme a fait, pour l’exposer, un très heureux usage de la représentation par coordonnées ; le Logicien anglais ne veut pas user de cette figuration géométrique ; il veut que sa déduction conserve une allure purement arithmétique ; il traduit donc en langage arithmétique le raisonnement de forme géométrique qu’Oresme a donné.

Le développement de ce raisonnement exige, bien entendu, l’évaluation de l’espace qu’un mobile parcourt pendant un certain temps lorsqu’un mouvement uniformément varié l’entraîne ; tout ce que nous venons de dire montre assez que cette évaluation était alors familière aux logiciens d’Oxford ; aussi notre auteur se borne-t-il à la rappeler comme vérité banale : « Ipsa est uniformiter difformis ; ergo est æqualis suo gradui medio. »


H. Le Liber calculationum de Riccardus de Ghlymi Eshedi.


Venons enfin à celui des écrits, engendrés par la Logique d’Oxford, qui a connu, peut-être, la vogue la plus forte et la plus étendue, à ce livre dont l’auteur, regardé comme le Calculateur par excellence, a perdu son nom véritable de Riccardus de Ghlymi Eshedi pour emprunter, on ne sait comment, celui de Swineshead ou Suiseth.

Le traité qui va nous occuper est divisé en chapitres ; dans la rédaction manuscrite que nous avons eue en mains et dans les plus anciennes éditions imprimées, ces chapitres ne portent pas de titres ; l’édition donnée à Pavie, en 1498, par Franciscus Gyrardengus, leur en a attribué ; voici la liste, complétée, de ces chapitres :

I. De intensione et remissione. — II. De difformibus. — III. De intensione elementi. — IV. De intensione mixtorurn. — V. De augmentatione. — VI. De reactione. — VII. De potentia rei. — VIII. De difficultate actionis. — IX. De maximo et minimo. — X. De loco elementi. — XI. De luminosis. — XII. De actione