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LA LATITUDE DES FORMES À OXFORD

les Sophismata d’Heylesbury, cette collection nous présente[1], transcrite de la main de Jean, une suite de vingt-deux sophismes. Aucun nom d’auteur n’est joint à ce traité qui ne porte point de titre ; il commence d’emblée par cet énoncé du premier sophisme : « A est unum calidum per totum quod per horam alterabitur e gradu, uniformi, et tamen per illam [horam] nec alterabitur uniformiter quoad tempus nec quoad partes subjecti. » Les premiers mots de ce premier sophisme servaient de titre à la collection tout entière, comme en témoigne ce propos[2] par lequel Jean termine sa transcription : « Explicit iste liber qui intitulatur A est unum calidum. Deo gratias. »

Ce recueil de sophismes est un parlait modèle du genre de Logique qui était en vogue à l’École d’Oxford ; les calculationes les plus chicanières n’y sont que trop fréquentes.

Le vingt-deuxième et dernier sophisme est ainsi formulé[3] :

« In aliquo instanti, extremo remissiori [subjecti] correspondebit gradus summus caliditatis ; et, immediate ante illud instans, terminabitur latitudo caliditatis ad non gradum. »

C’est en discutant ce sophisme que l’auteur est amené à formuler la proposition suivante[4] dont la démonstration terminera son traité :

» Un mobile se meut pendant une heure qui a été divisée en parties proportionnelles, et son mouvement est de telle sorte : Durant toute la première partie proportionnelle, il se meut avec une certaine vitesse ; durant la seconde partie proportionnelle, il accélère continuellement son mouvement, jusqu’à un degré double, en sorte qu’à la fin de la seconde partie proportionnelle, il atteigne une vitesse double de celle de la première partie ; pendant la troisième partie proportionnelle, il se meut continuellement, d’une manière uniforme, avec ce degré double de vitesse ; au commencement de la quatrième partie, il commence à accélérer son mouvement et, pendant cette quatrième partie, il accroît continuellement sa vitesse, d’une manière uniformément difforme, de telle sorte qu’il ait à la fin une vitesse double de celle qu’il avait en la troisième partie, et quadruple de celle qui correspondait à la première partie ; durant la cinquième partie proportionnelle, il se meut avec une vitesse uniforme ; durant la sixième, il accélère uniformément son mouvement, comme ci-devant, jusqu’à une

  1. Ms. cit., fol. 73, col. b, à fol. 80, col. d.
  2. Ms. cit., fol. 80, col. d.
  3. Ms. cit., fol. 79, col. d.
  4. Ms. cit., fol, 80, col. b.