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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

prétendu dilemme[1] : « Si la vitesse de tout mouvement local n’est pas équivalente à son degré moyen, elle est équivalente à son degré le plus intense. » Par une accumulation d’inconvenientia, elle rend intenable la seconde position, et elle en conclut que la première est la bonne.

Cet auteur donc, venu après Guillaume Heytesbury, n’a fait faire aucun progrès à la démonstration de cette proposition[2] : « En tout mouvement uniformément difforme qui commence au degré zéro et croît sans cesse, l’espace parcouru pendant un certain temps est égal à celui que ferait parcourir, pendant le meme temps ou pendant un temps égal, son degré moyen de vitesse. » Bien au contraire ! Les semblants de démonstration des Dubia parisiensia ou de Jean de Dumbleton, pour insuffisants qu’ils fussent, offraient aux yeux, toutefois, un reflet de vérité ; ce reflet, on le chercherait vainement en l’obscure dialectique du Tractatus de sex inconvenientibus.


G. L’opuscule intitulé : A est unum calidum.


L’auteur du Traité des six inconvénients avait pu lire le Tractatus de figuratione intensionum de maître Nicole Oresme ; l’avait-il lu en effet ? Si oui, il avait tiré si peu de fruit de cette lecture que rien, en son écrit, n’en garde le souvenir. Mais l’École d’Oxford va nous présenter d’autres ouvrages où l’influence de Nicole Oresme a laissé une marque reconnaissable.

En un manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale[3], un certain Jean a réuni quelques-uns des traités les plus célèbres sur les Sophismata ; les Sophismata d’Albert de Saxe occupent le début du recueil ; puis viennent les Sophismata de Clymeton ; la copie de ces derniers a été achevée le lundi de la Septuagésime de l’an MCCCLXXXIXI (sic). À ces copies, probablement faites à Paris, Jean a joint un cahier, venant sans doute d’Oxford et écrit, comme le dit la table qu’il a mise à la fin de son œuvre[4], in littera anglicana veteri ; ce cahier contient les trente premiers sophismes d’Heytesbury ; les deux derniers ont été transcrits par Jean.

Or, immédiatement après les Sophismata de Clymeton et avant

  1. Bibl. Nat., fonds latin, ms. no 6.559, fol. 38, col. c.
  2. Ms. cit., fol. 39, coll. a et b.
  3. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 16.134 (ancien fonds Sorbonne, ms. no 848).
  4. Ms. cit., fol. 146, col. a.