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LA LATITUDE DES FORMES À OXFORD

« Seconde conclusion. Par toute sa latitude, un mouvement uniformément difforme parcourt, en un temps égal, précisément autant que par son degré moyen. On le prouve par la sixième supposition ; celle-ci admet, en effet, que tout mouvement uniformément difforme correspond à un certain mouvement uniforme ; mais il ne correspond à aucun autre qu’à celui qui s’accomplît par le degré moyen. »

Cette question et les deux problèmes qui la suivent ont-ils été rédigés par Swineshead ? La forme sous laquelle les mentionne la table des cahiers que nous feuilletons semble suggérer cette supposition ; elle ne l’impose pas.

Ce qui n’est pas douteux, c’est le nom de Doutes de Paris par lequel elle intitule ces trois problèmes. Un tel titre ne leur a pu être donné, semble-t-il, que par quelque maître d’Oxford curieux des débats auxquels s’intéressait alors la grande université du continent. Or qu’on discutât ardemment ces trois problèmes à Paris, au milieu du xive siècle, cela n’est pas douteux. On peut même faire cette remarque curieuse que, parmi les Questions sur la Physique rédigées par Jean Buridan, il est une question[1] qui réunit les trois Doutes de Paris, et les présente dans l’ordre même où nos cahiers de Philosophie les discutent.

Que les Tria dubia parisiensia aient été ou non rédigés par Swineshead, ils témoignent de l’intérêt qu’Oxford attachait aux discussions qui s’agitaient à Paris ; mais ils nous montrent, en même temps, que, pour les élégantes méthodes de Nicole Oresme, la Manche était une barrière infranchissable.


F. Le Tractatus de sex inconvenientibus.


Jamais, à l’Université d’Oxford, l’évaluation du chemin parcouru dans un mouvement uniformément varié n‘a revêtu la forme si claire et si précise que Nicole Oresme lui avait donnée par l’emploi des coordonnées.

Prenons, par exemple, ce Tractatus de sex inconvenientibus dont l’auteur écrit après Heyteshury et, partant, très certainement après Oresme.

Ce traité appartient à la même famille que le De primo motore de Swineshead et que la Summa de Dumbleton ; pour nous en

  1. Johannis Buridani Subtilissime super octo phisicorum libros Aristolelis. Parisiis, 1509, Lib. I, quæst. XII : Utrum omnia entia naturalia sint determinata ad maximum. Fol. XV col. c. sqq. — Cf. Chapitre I et ce Chapitre.