Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VII.djvu/643

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
636
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

une déperdition réelle de qualités, de même que la quantité augmente ou diminue par apposition ou retranchement de parties. — Quarto opinio, que est tenenda, ponit quod nulla qualitas intenditur nec remittitur, sed subjectum qualitatis intenditur et remittitur per acquisitionem et deperditionem realem qualitatum, sicut quantitas majoratur et minoratur per appositionem partium et amotione. »

Et, Jean de Dumbleton consacre cinq chapitres à développer cette doctrine[1].

Il est peu de circonstances où l’on aperçoive plus nettement l’absence de sens logique dont souffre la raison de notre auteur. S’il est, au sujet de l’augmentation d’intensité des qualités, deux doctrines qui soient radicalement incompatibles, ce sont, à coup sûr, la doctrine de saint Thomas et celle de Richard de Middleton ; or Jean de Dumbleton en lait une thèse unique et les réunit dans un seul énoncé. Vraiment, les maîtres d’Oxford avaient l’intelligence terriblement embrumée ; ils avaient grand besoin, pour la tirer au clair, de venir chercher la lumière à Paris.

C’est à la suite de ces développements que Dumbleton aborde le problème dont nous nous enquérons particulièrement. « Ces principes posés, dil-il[2], il nous reste à examiner de quelle manière les qualités difformes sont intenses ou atténuées ; à voir comment la latitude de ces qualités, en sa nature, par elle-même et proprement, est plus ou motus intense ; à rechercher si elle correspond à quelque degré qui lui soit intrinsèque.

» Il y a, à ce sujet, trois opinions.

» La première dit que l’intensité d’une latitude ou qualité difforme dépend de la manière dont elle est étendue en son sujet ; par suite de cette extension, elle peut être égalée en intensité à chacun des degrés qui se trouvent en elle.

» La seconde prétend que, proprement et par elle-même, elle correspond à son degré moyen, c’est-à-dire à sa moitié.

» La troisième dit : Toutes les qualités de la même espèce, qu’elles soient uniformes ou difformes, constituent des latitudes, c’est-à-dire des distances qualitatives, et sont, en leur nature, de même intensité. »

  1. Johannis de Dumbleton Summa, pars II, capp. XXVIm, XXVIIm, XXVIIIm, XXIXm et XXXm ; ms. cit. fol. 21, col. c à fol. 22, col. d.
  2. Johannis de Dumbleton Summa, pars II, cap. XXXIm ; ms. no 16.146, fol. 22, col. d. — Cf. ms. no 16. 621, fol. 174, ro (En titre : De correspondentia difformis cum uniformi).