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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

Devenue, dès 1252, en la Nation Anglaise de l’Université de Paris, l’un des exercices scolaires obligatoires[1], la discussion des sophismes sollicita grandement, au xive siècle, l’activité des maîtres parisiens. En la première moitié de ce siècle, un maître qui, après avoir enseigné à Oxford, enseignait à Paris, Walter Burley, réunissait une ample collection de Sophismata insolubilia[2]. Il n’était sans doute pas le seul, à cette époque, qui maintînt, à l’Université de Paris, la mode des collections de sophismes ; nous pouvons, en tout cas, assurer qu’elle y prit, par la suite, un grand développement ; nous en avons pour témoin l’ouvrage qu’Albert de Saxe a intitulé Sophismata. En la copie manuscrite que nous avons eue sous les yeux, cet ouvrage se termine par cette phrase[3] qui semble être de l’auteur meme :

« Et sic est finis hujus tractatus in quo continentur 259a sophismata principalia prêter minus principalia que interposita sunt, quorum numerum nescio invenire. »

Cette prodigieuse réunion de sophismes n’est cependant, au gré d Albert de Saxe, qu’un ouvrage élémentaire ; le dialecticien exercé, désireux de résoudre des sophismes plus spécieux, les doit chercher aux traités des Insolubilia ou des Obligationes contenus en la Logique d’Alberlutius, car celui-ci poursuit en ces termes ;

« Si autem aliquis voluerit videre sophismata alterius materie, perlegat tractatus de insolubilibus et de obligationibus quo alias scripsi, et in eisinveniet sophismata difficiliora et subtiliora sophismatibus predictis. Et hic finis. Deo gratias. »

Les traités d’Albert de Saxe marquent en quel honneur les exercices de Logique étaient tenus à l’Université de Paris vers le milieu du xive siècle ; il ne semble pas, cependant, que ces exercices y eussent pris le pas sur toutes les autres études. Un logicien tel qu"Albertntins ne se consacre pas exclusivement aux habiletés de la Dialectique ; ses Questions sur la Physique, sur le De Cælo, sur le De generatione et corruptione nous montrent en lui un homme grandement soucieux des problèmes de la Physique ; il n’apporte aucunement, en l’examen de ces problèmes, l’esprit de

  1. H. Denifle et E. Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. I, p. 228.
  2. Bibl, Nat., fonds latin, ms. no 16.621, fol. 143, ro : Circa insolubilia queritur primo circa insolubile… fol. 247, vo : Explicit (sic) sophismata insolubilia magistri Gualterii de burlay anglici magistri theologie. Prantl (Geschichte der Logik in Abendlande. IIIer Band, pp. 297 seqq.) ne connaît pas cet écrit de Burley.
  3. Bibl. Nat., fonds latin, ms. no 16.134 (olim fonds Sorbonne, no 849) ; fol. 56, col. b.