Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VII.djvu/625

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
618
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

ouvrages ; en leur contenu, nous n’avons rien trouvé qui nous pût fournir, à cet égard, une indication ; hors les noms d’Aristote et d’Averroès, le seul nom propre que ces fragments nous aient présenté est celui de Lynconiensis, c’est-à-dire de Robert Grosse-Teste, évêque de Lincoln ; l’écrit de cet auteur sur les Seconds analytiques est mentionné deux fois[1] dans le commentaire relatif au début de la Physique d’Aristote.


II
La Logique d’Oxford


Avant d’établir une comparaison entre ce qu’on enseignait à Oxford sur la latitude des formes et ce qu’un Nicole Oresme en enseignait à Paris, nous voudrions, d’un trait rapide, tenter une esquisse de la Logique d’Oxford.

Le caractère essentiel de la Logique d’Oxford nous semble pouvoir être marqué en ces termes : Elle accordait une place presque exclusive et, partant, une importance exagérée à la solution des sophismes.

En l’étude de toute science, l’enseignement des principes généraux serait, à lui seul, insuffisant ; il faut que des exercices habilement choisis habituent l’élève au maniement de ces principes, l’accoutument à invoquer le règle qu’il faut à l’endroit qu’il faut. Pour s’exercer, donc, le moraliste discutera des cas de conscience, le juriste plaidera des espèces, le mathématicien résoudra des problèmes. Et peu importe que les exercices soient purement artificiels, que les questions pour lesquelles ils réclament une réponse ne se soient jamais présentées et ne se doivent présenter jamais ; s’ils ont accru lu sûreté avec laquelle l’esprit sait user à propos du principe qu’il convient d’employer, ils ont atteint leur but ; ils sont semblables à une gymnastique qui oblige le corps à faire des mouvements inusités, mais propres à donner aux membres plus de force et plus de souplesse.

Ce que la gymnastique est pour le corps, ce que la discussion des cas de conscience est pour le moraliste, ce que la résolution des problèmes est pour le mathématicien, la solution des sophismes l’est pour le logicien ; mis en présence d’une proposition fausse que semble justifier un raisonnement captieux, il s’accoutume à

  1. Ms. cit., fol. 162, col. c, et fol. 183, col. b.