Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VII.djvu/615

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
608
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

En ce même préambule, Jean de Durnblelon nous apprend que sa Somme est divisée en dix parties[1] : « Hujus summule divisio decimembris. » Mais le manuscrit que nous avons consulté en contient seulement neuf, soit parce qu’il est incomplet, soit parce que l’auteur n’a point terminé son ouvrage. À la fin de la neuvième partie et avant la table des chapitres, on lit[2] ; Explicit nona pars Magistri Johannis Dombilton.

En énumérant les logiciens de l’École d’Oxford dont Guillaume Heytesbury discutait les opinions, avant de nommer Dumbleton et Richard Clienton, Gaëtan de Tiène avait cité Suisset. Ce nom était, dès l’époque de Gaëtan et, surtout, au xve siècle et au xvie siècle, des plus connus en France et en Italie ; autant et plus encore que celui d’Hentisberus, il évoquait la pensée de la subtile dialectique d’Oxford, si fort admirée des uns, si âprement dénigrée des autres. Cependant, du personnage qui portait ce nom, nous allons voir combien il est difficile de rien connaître de précis.

Le nom (ou le surnom) qu’il convient de lui attribuer n’est pas Suisset, mais Swineshead. Ce nom, que les manuscrits anglais orthographient souvent Swynshed, est devenu, sur le continent, d’abord Suincet, puis Suicet, Suisset, Suiseth, etc.

Le premier renseignement authentique que nous trouvions au sujet d’un personnage portant ce nom est le suivant[3] : En 1348, un Swineshead, membre du Merton College, est l’un des meneurs d’une émeute provoquée par l’élection du chancelier.

Un second renseignement nous est fourni par les textes manuscrits d’ouvrages composés par Swineshead[4]. On cite des Quæstiones super Sententias conservées à l’Oriel College ; un traité, intitulé Descripltones motuum ou De motu cæli et similibus, dont le Caius College garde un exemplaire ; enfin, un livre De insolubilibus qui est celui auquel Gaëtan de Tiène faisait allusion.

Ce livre De insolubilibus n’est pas, sans doute, le seul écrit de Logique que l’auteur ait composé. En un manuscrit[5] dont le dernier feuillet est daté du 1er mars 1378, la Bibliothèque Nationale possède, outre la Logique d’Albert de Saxe, outre le De sensu composito et diviso de Richard de Belingham et le De prædestina-

  1. Ms. cit., fol. a, col. a.
  2. Ms. cil., fol. 141, col. a.
  3. Wood, History and Antiquities of Oxford, I, p. 448. — Cf. C. L. Kingsford, art. Swineshead (Richard) in Dictionary of National Biography, edited by Sidney Lee, vol. LV, p. 231.
  4. C. L. Kingsford, art. cit.
  5. Bibl. Nat., fonds latin, ms. no 14.715 (ancien S. Victor 717).