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CHAPITRE VII
LA LATITUDE DES FORMES
À L’UNIVERSITÉ D’OXFORD

I
L’École d’Oxford au milieu du xive siècle. — Guillaume Heytesbury. — Jean de Dumbleton. — Swineshead. — Le Calculateur. — Le traité De sex inconvenientibus. — Guillaume de Colligham.


Au préambule de son traité De figuratione potentiarum et difforminate qualitatum, Oresme ne s’attribue pas le rôle d’inventeur, mais le rôle plus modeste de celui qui apporte, en un sujet déjà traité, de l’ordre et de la clarté ; cet ordre et cette clarté découlent de l’emploi des représentations géométriques dont il semble bien qu’il ait, le premier, imaginé d’user en semblable matière ; mais les considérations sur la mesure des intensités, sur leur uniformité ou leur difformité étaient assurément familières avant lui à ceux qu’il nomme les veteres.

Ces veteres, où devons-nous les chercher ? Nous ne les avons pas rencontrés à l’Université de Paris parmi ceux qui précédèrent immédiatement Oresme ; il semble qu’il faille plutôt espérer de les trouver à l’Université d’Oxford.

À l’Université d’Oxford, vers le milieu du xive siècle, nous voyons paraître une foule d écrits où l’on dispute de l’intensité des formes, de leur longitude et de leur latitude, de leur uniformité et de leur difformité. Que certains de ces écrits soienl antérieurs au traité d’Oresme et que le grand maître du Collège de Navarre en ait pu avoir connaissance, cela est extrêmement probable, encore qu’il soit fort difficile de préciser plus exactement cette trop vague affirmation. Le traité d’Oresme n’est pas daté et les écrits, émanés de l’École d’Oxford, que nous aurons à lui comparer ne le sont pas davantage ; lorsque ces écrits ne sont pas anonymes, ce