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LA LATITUDE DES FORMES. ORESME ET SES DISCIPLES

nullement délibéré et d’un commun accord que là se trouvait la conclusion qu’il fallait demander et poursuivre. C’est celle que réclama, pour sa part, le père vénéré qui fut mon principal maître et qui était alors évêque de Cambrai, parlant devant Louis, duc d’Anjou et régent de France à cette époque. Vers le même temps, maître Henri de Hesse, d’illustre mémoire, écrivit en faveur de la même conclusion ; il était maître en Théologie de Paris, et vite-chancelier sous maître Jean de Chaleur, alors chancelier de l’Université. »

C’est après le 15 juin 1381 qu’il nous faut placer[1] cette Epistola concilii pacis rédigée par Henri de Hesse tandis qu’il était vice-chancelier de l’Université de Paris.

Cette Université, il n’y devait plus demeurer longtemps. Comme un vent de tempête, les querelles soulevées par le schisme en chassaient les maîtres et les dispersaient dans toutes les contrées d’Europe. Vers 1383, Henri de Hesse quittait Paris pour n’y plus revenir.

Un manuscrit de la Bibliothèque de Vienne garde[2], de notre auteur, un écrit, intitulé : Epistola de futuris periculis Ecclesiæ ex dictis Hildegardis. En marge de ce commentaire aux visions prophétiques de sainte Hildegarde, ou lit cette observation :

« Nota quod prefatus magister Heinricus hanc epistolam scripsit et destinavit circa annos D. mccclxxxiii, quando recessit a studio parisiensi propter magnum scisma ecclesie, quod tunc cepit inter papas. »

En quittant Paris, c’est à Vienne qu’Henri de Langenstein se rendit et qu’il résida jusqu’au jour de sa mort (11 février 1397).

Il n’y demeura pas inactif. Il ne cessa, par ses nombreux écrits, de presser la réunion du concile œcuménique qui devait mettre fin à la scission de l’Église. Mais ce ne fut pas sa seule occupation. Depuis 1365, Vienne possédait des écoles florissantes. Il pressa[3] le Duc d’Autriche, Albert, d’apporter le couronnement à ces écoles en obtenant du pape l’institution d’un Studium generale de Théologie, et en créant de nombreux collèges semblables à ceux de Paris.

Ce n’est pas ici le lieu de retracer l’œuvre qu’Henri de Hesse

  1. Denifle et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. III, pièce no 1.637, p. 582.
  2. P. Heinrich Denifle, Die Universitäten des Mittelalters bis 1400. Erster Band, p. 619.
  3. Sur le rôle d’Henri de Langenstein dans la création de l’Université de Vienne, soir : Denifle, Op. laud., pp. 616-625.