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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

pourraient ramener l’Église à l’unité et mettre fin au schisme ? Cela vaudrait mieux que de paresser dans l’oisiveté sous couleur de neutralité. Lève-toi donc, toi qui dors ! Aux deux pontifes en litige, écris des lettres qui les exhortent à la concorde et leur fassent voir les moyens de ramener l’Église à l’union ! »

Et l’Urbaniste de répondre :

« Si, dès le début, l’Université avait été chargée d’informer pleinement sur le cas et sur le fait du débat, si même elle en était aujourd’hui chargée, voici, je pense, ce qui conviendrait le mieux pour mettre fin au présent schisme : Après qu’elle aurait reçu permission de discuter librement le cas comme le fait, publiquement et solennellement elle déterminerait, à la façon scolastique, un parti à suivre ; par là, elle préparerait la matière, elle fournirait l’occasion d’une délibération aux prélats de l’Église ; c’est à eux, en effet, qu’il appartient de prendre, en concile général, une détermination qui fasse autorité et qui oblige ; hors la réunion d’un tel concile, je ne crois guère possible d’apaiser jamais tous les cœurs. »

Que la convocation d’un concile œcuménique soit la seule mesure assez efficace pour terminer le schisme, ce sera, dix ans plus tard, l’opinion commune des docteurs de Paris ; ce sera celle qui, un jour, prévaudra et réunira les tronçons épars de l’Église, Le très grand mérite d’Henri Heynbuch de Hesse est d’avoir indiqué le premier cette voie, et de s’être ensuite activement obstiné à la recommander.

Une seconde fois, en effet, il la conseillait dans son Epistola consilii pacis ; quatorze raisons militaient, selon lui, en faveur de la réunion du concile général ; cette méthode était, à son gré, la meilleure des trois voies entre lesquelles, à l’Université de Paris, se partageaient alors les préférences, entre lesquelles, au même moment (1381), Pierre d’Ailly hésitait dans son Epistola Leviathan ad pseudo-prælatos[1].

En 1408, dans sa Proposition faite, au nom de l’Université de Paris, devant les Anglais qui se rendaient de Paris au concile de Pise. Jean Gerson écrivait[2], au sujet de la réunion du concile œcuménique :

« Dès la naissance du schisme, l’Université de Paris a solen-

  1. Denifle et Châtelain, Op. laud., t. III, p. 667.
  2. Propositio facta a domino Cancellario Joanne Gerson coram Anglicis Parrhisius euntibus ad sacrum concilium Pisis : et hoc ex parte Universitatis Pahrrisiensis. Anno Domini MCCCCVIII. Consideratio tertia, Cette pièce est reproduite dans toutes les éditions des Joannis Gerson Opera.