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LA LATITUDE DES FORMES. ORESME ET SES DISCIPLES

que la Nation Anglaise prenne désormais le nom de Nation Allemande.

Pendant cette année 1378, la double élection d’Urbain VI et de Clément VII fit éclater le schisme entre L’Église de Rome et l’Église d’Avignon. Ressouder ces deux tronçons et ramener l’unité dans l’Église d’Occident, telle allait être, pendant trente-neuf ans, à l’Université de Paris, la tâche des docteurs les plus savants et les plus pieux. Parmi eux, Henri de Langenstein devait se signaler par sa clairvoyance non moins que par son zèle.

En 1379, trois facultés de l’Université de Paris[1], ainsi que la Nation Française et la Nation Normande avaient adhéré à Clément VII. La Faculté de Théologie était divisée mais, assurément, la majorité de ses membres souhaitait qu’elle prît part à cette adhésion. Si elle ne le fit point, si elle suspendit son avis, on le doit sans doute attribuer à quelques docteurs prudents et, en particulier, à Henri de Hesse qui était « pro neutralitate ». À l’imitation d’Henri, la Faculté de Théologie, la Nation Anglaise et la Nation Picarde demeurèrent quelque temps dans l’indifférence entre les deux pontifes.

Cette indifférence de la Faculté de Théologie fut, cependant, de peu de durée. Après s’être réunie le 22 mai et le 24 mai 1379, elle décida[2], en dépit des deux nations anglaise et picarde, de faire une déclaration en faveur de Clément VII. Cette pièce est signée des maîtres composant le Collegiam Theologiæ Facultatis ; au nombre de ces signatures, se lit celle d’Henri de Hesse ; on peut douter, cependant, qu’il ait été chaud partisan de cette mesure.

Il venait, en effet, de manifester son opinion sur la conduite qu’il y avait lieu de tenir pour ramener l’unité dans l’Église ; c’est entre le 7 mai et le 24 mai de l’année 1378, aussitôt avant que la Faculté de Théologie prît parti pour Clément VII, que notre maître en Théologie avait publié[3] son Epistola pacis pro unione procuranda.

Cette lettre est rédigée sous la forme d’un dialogue entre un Clémentiste et un Urbaniste,

« Pourquoi, demande le Clémentiste, l’Université de Paris, qui a autorité pour déterminer, dans un cas douteux, où se trouve la vérité (autentica in déterminatione veritatis in casu dubio), pourquoi ne recherche-t-elle pas les moyens divers et ingénieux qui

  1. Denifle et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, tomus III MCCCL-MCCCLXXXIIII), pièce no 1.619, p. 562.
  2. Denifle et Châtelain, Op. laud., t. III, pièce no 1.624, pp. 565-572.
  3. Denifle et Châtelain, Op. laud., t. III, pièce no 1.629, pp. 577-578.