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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

des disciples d’Oresme et de ses commentateurs ont interprété de la sorte la pensée du maître et sans songer même que l’on pût l’interpréter autrement.

Il importait que cette interprétation fût signalée, car elle donne toute sa valeur au passage que nous allons maintenant traduire[1] :

« Toute qualité uniformément difforme a même quantité que si elle informait uniformément le même sujet selon le degré du point milieu de ce sujet. En disant : selon le degré du point indien, je sous-entends : si la qualité est linéaire ; si elle est superficielle, il faudra dire : selon le degré de la ligne moyenne…

» Nous démontrerons cette proposition pour une qualité linéaire.

» Soit donc une qualité qui puisse être représentée par un triangle ABC (fig. 1) ; c’est une qualité uniformément difforme


qui, au point B, se termine au degré nul ; soit D le point milieu de la ligne qui représente le sujet (subjectiva linea) ; le degré ou l’intensité qui affecte ce point est figuré par la ligne DE. La qualité qui aurait partout le degré ainsi désigné est représentable par le quadrilatère AFGB, ainsi qu’il résulte du chapitre de la première partie. Mais par la XXVIe proposition du premier livre d’Euclide, les deux triangles EFG et EGB sont égaux. Le triangle qui représente la qualité uniformément difforme et le quadrilatère AEGB qui représente la qualité uniforme selon le degré du point moyen sont donc égaux entre eux ; les deux qualités qui sont imaginables l’une par le triangle et l’autre par le quadrilatère sont

  1. Oresme, Op. laud., pars III, cap. VII : De mensura qualitatum et velocitatun difformarum ; ms. no 7.371 fol. 262, ro et vo ; ms. no 14.580, fol. 59, coll. b et c.