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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

ne la formule pas en général ; mais elle est bien dans sa pensée, et il lui arrive de l’expliciter : « Le degré de la vitesse de descente, » dit-il[1], « est d’autant plus grand qu’en un temps égal, le sujet mobile descend davantage ou qu’il descendrait davantage si le mouvement continuait simplement (magis descendit vel descenderet si continuaretur simpliciter). »

Ce qu’Oresme ajoute à la Cinématique d’Albert de Saxe, c’est l’emploi des coordonnées. Comment les coordonnées rectangulaires devront être employées en une telle étude, il le dit avec son habituelle clarté, au début de la seconde partie de son traité[2] :

« On peut imaginer les deux extensions à la façon de deux droites qui se couperaient orthogonalement, en sorte que l’extension relative au sujet serait appelée latitude ; l’intensité dit mouvement pourrait alors être nommée altitude en un point (altitudo localis) du mouvement (motus) ou de la vitesse (velocitas),

» Mais selon ce qui a été dit au troisième chapitre de la première partie, la vitesse considérée dans le temps est communément appelée latitude ; alors chacune des deux extensions, lorsqu’on la comparera avec l’intensité, pourra être nommée longitude ; ainsi, la vitesse aura une double longitude comme elle a une double extension.

» En chacune de ces deux extensions, l’intensité de la vitesse pourra varier selon des modes multiples ; comme la difformité naît de ce que l’intensité peut se distribuer de manière variée suivant l’extension, il en résulte que le mouvement ou vitesse peut présenter deux sortes de difformités et aussi deux sortes d’uniformités.

Il est clair, des lors, qu’à chacune des deux sortes de difformités dont la vitesse est susceptible, on pourra appliquer »[3] toutes les dénominations, tous les procédés de classification dont on a usé, d’une manière générale, pour des intensités quelconques ; aussi bien par rapport à la durée que par rapport à l’extension, la vitesse pourra être uniformément difforme ou difformément difforme ; elle pourra commencer ou non au degré nul.

Ces considérations ne sont pas seulement applicables à la

  1. Oresme. Op. laud., pars II, cap. IV ; ms, no 7.371, fol. 237, vo : ms. no 14.580, fol. 47, coll. c et d.
  2. Oresme. Op. laud., pars II, cap. I ; : De difformitate motus ; ms. no 7.371, fol. 266, ro ; ms, no 14.580, fol. 46, coll. c et d.
  3. Oresme. Op. laud., pars II, cap. VI ; De difformitate velocitatis per partes quantitativas ; ms. no 7.371, fol. 238, vo ; ms. no 14.580, fol. 48, coll. a et b.