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LA LATITUDE DES FORMES AVANT ORESME

Gilbert de la Porrée[1]. À cette question : « En l’essence d’une forme accidentelle, y a-t-il des degrés intrinsèques et essentiels par lesquels se produise l’accroissement ou la diminution de cette forme ? » il répond en ces termes : « La forme accidentelle considérée possède de tels degrés. Et j’ajoute que la raison précise qui permet à la forme de croître ou de diminuer est la latitude de degrés (latitudo graduum) qui est en elle ; cette latitude n’est pas autre chose qu’une absence de limitation dans la forme qui est susceptible de plus ou de moins. »

Les mots latitudo graduum paraissent prendre exactement ici le sens que leur donnait Henri de Gand.

Pour savoir exactement ce qu’Antonio pensait de l’accroissement d’une qualité, il nous faut lire l’ouvrage le plus original qu’il ait produit, le traité Des trois principes[2] ; mais alors, nous connaîtrons dans sa plénitude la théorie de ce Maître, car l’exposé qu’il en donne remplit, de ses larges développements, la cinquième question de la seconde partie du traité Des trois principes, de la partie consacrée à letude de la forme[3].

Antonio d’Andrès commence par poser une distinction où la doctrine de François de Mayronnes sur l’individuation sert à préciser une indication de Guillaume Varon.

« Il faut remarquer, dit-il[4], qu’il y a deux sortes de quiddités, la quiddité spécifique et la quiddité individuelle. Cela deviendra

  1. Questiones Scoti Super Universalia Porphy, necnon Aristotelis Predicamenta ac Periarmerias — Item super libros Elenchorum. — Et Antonii Andreae super libro Sex principiorum — Item questiones Joannis Angelici super questiones universales eiusdem Scoti. Colophon : Subtilissime questiones… feliciter expliciunt. Impresse Venetiis per, Philippum pincium Mantuanum. Anno Domini 1512 die I Decembris. — Questiones clarissimi doctoris Antonii Andreae super sex principiis Gilberti Porretani. — Quest. XVIJ : Utrum in essentia forme accidentalis sit dare gradus intrinsecos essentiales secundum quos possit suscipere magi et minus ? fol. 61, coll. c et d.
  2. À la fin du xve siècle et au commencement du xvie siècle, ce traité a eu de très nombreuses éditions ; nous le citerons d’après l’édition suivante ;

    Titre au verso du dernier fol. : In hoc volumine continentur. Tria principia Antonii Andreae ordinis minorum. Expositio Fran. Mayronis ordinis minorum super octo lib. phisicorum. Formalitates eiusdem Francisci Mayronis. Tractatus eiusdem de principio complexo. Tractatus eiusdem de terminis theologicis. Tractatus de ente et essentia secundum Thomam. — Colophon, au recto du même fol. : Impressum in inclita Civitate Ferrarie regnante Hercule Duce secundo per Magistrum Laurencium de rubeis de valentia Anno domini Mcccclxxxv. V Idus Madij.

  3. Tria principéa carissimi Doctoris Antonii Andreae secundum doctrinam doctoris subtilis Scoti. Secundus articulus principalis ubi quærendum est de forma. Quinto, utrum in quidditate forme accidentalis sit dare veros gradua intrinsecos essentiales secundum quos ipsa possit suscipere divisionem intrinsecam secundum magis et minus. Ed. cit. ol. sign. giii, col a, à col. c du cinquième fol. après celui-là.
  4. Antonio d’Andrès, loc. cit. quantum ad secundum ; éd. cit., fol. sign, giiij. col. d.