Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VII.djvu/514

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
507
LA LATITUDE DES FORMES AVANT ORESME

« Dico quod in hiis quæ non sunt mole magna, illud est majus quod melius. » Puis il poursuit en ces termes :

« De même un il y a deux sortes de quantités, il y a deux sortes de mouvements de quantité.

» L’un de ces mouvements va d’une quantité de masse imparfaite à une quantité de masse parfaite ou inversement ; c’est le mouvement que l’on nomme augmentation ou diminution.

» L’autre va d’un degré imparfait qu’atteignait une forme en son essence ou une forme en son action à un degré parfait, bien il va en sens contraire ; il est proprement nommé tension (intensio) ou détente (remissio) ; mais on le désigne aussi par le même nom que le mouvement précédent, savoir augmentation ou diminution. »

Après avoir réfuté les diverses opinions émises au sujet de la tension et de la détente des formes, notre auteur formule sa propre pensée :

« La charité et, de même, toute forme susceptible de tension ou de détente augmente par l’apposition d’un nouveau degré réel, de même sorte que le degré préexistant ; ce degré nouveau est ajouté au degré préexistant au sem du même sujet ; ils forment alors un individu unique de la même forme, mais cet individu est plus parfait que celui qui existait auparavant. »

En effet, « en toute forme spécifique, en toute qualité naturelle susceptible de tension ou de détente, il est possible de marquer des degrés multiples qui en sont les parties matérielles, au sens où Aristote, au septième livre de la Métaphysique, prend le mot parties matérielles…

» Par degré de charité ou d’une forme quelconque, j’entends un certain individu de cette forme : cette forme se trouve, en cet individu, limitée et définie quantitativement de la manière qui lui est propre, de la manière selon laquelle on peut dire que la forme, en cet individu, a telle ou telle quantité déterminée. Je donne donc le même sens, en la proposition qui m’occupe, aux mots : degré de forme, et aux mots : individu limité de cette forme ; il revient au même de comparer un sujet qui a un plus grand degré de cette forme à un autre sujet qui en a un moindre degré ou de dire que l’on a affaire à un individu plus parfait de cette forme et à un individu moins parfait.

» De là résulte aussitôt la conséquence suivante : De même qu’un sujet unique ne possède en soi qu’un seul individu de la forme considérée, de même il ne possède cette forme, en un même temps, que sous un seul degré. Lors donc qu’en l’accroissement