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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

De tribus prædicamentis in quibus fit motus que nous verrons se produire jusqu’aux premières années du xvie siècle.

Ce qu’il dit du mouvement local, il le partage en deux paragraphes dont l’un est consacré au mouvement local droit, c’est-à-dire au mouvement de translation, et l’autre au mouvement local circulaire, c’est-à-dire au mouvement de rotation.

La vitesse du mouvement rectiligne est mesurée, selon Albert de Saxe, par la longueur de la ligne décrite en tant de temps par un point du mobile.

Toutefois, en la formule qui énonce cette définition, une complication est introduite ; Albert lui donne cet énoncé : « Velocitas motus localis recti attenditur penes spatium lineale verum vel imaginatum descriptum a puncto medio vel æquivalenti corporis moti in tanto vel in tanto tempore. » Notre auteur, en effet, ne veut pas d’une définition qui s’appliquerait seulement à la translation d’un point ou d’un corps indéformable ; il veut que les divers points du corps animé d’un mouvement rectiligne puissent, en même temps, se déplacer les uns par rapport aux autres, que le corps puisse éprouver des condensations et des dilatations. Les divers points du corps, en ce cas, ne se meuvent plus tous avec la même vitesse ; quel est celui dont la vitesse doit être choisie comme propre à mesurer la vitesse même du corps ? Il est inadmissible, au gré d’Albert, que ce soit le point dont le mouvement est le plus rapide. La vitesse du mouvement rectiligne pris par le mobile, c’est, en ce cas, la vitesse d’un certain point moyen qui peut être matériellement réalisé au sein du corps, mais qui peut aussi, d’un instant à l’autre, coïncider avec des parties matérielles différentes du corps, en sorte qu’il demeure le même point seulement par équivalence.

Visiblement, ces considérations portent la trace de l’influence exercée par le petit traité De proportionalitate motuum et magnitudinum que nous avons analysé au paragraphe VIII. Cette influence se révèle de nouveau, et d’une manière encore plus nette, en ce qu’Albertutius va dire du mouvement circulaire.

En un mouvement de rotation uniforme, que faut-il appeler vitesse du mobile ?

Lu vitesse est-elle mesurée par l’espace linéaire que décrit le point milieu du rayon du mobile, « sicut vult una opinio, » ou bien par l’espace linéaire que décrit le point équidistant de la concavité et de la convexité de l’orbe animé d’un mouvement de rotation, « sicut voluit una opinio » ? L’opinion à laquelle Albert fait cette double allusion est celle que soutenait le petit écrit auquel