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LA LATITUDE DES FORMES AVANT ORESME

rum illustris principis Alfonsi regis Castellæ compositæ sunt ad meridiem Toletanum. Explicit quadripartitum numerorum Johannis de Muris. »

Au quatrième livre du Quadripartitum numerorum, le premier traité, intitulé : De moventibus et motis, est en entier[1] consacré à exposer cette loi, fondement de la Dynamique péripatéticienne : constante se meut d’un mouvement uniforme dont la vitesse est proportionnelle à la grandeur de la puissance et en raison inverse de la grandeur de la résistance.

En cette analyse de Jean de Murs, il est explicitement admis que tous les mouvements considérés sont uniformes et, de plus, il est implicitement supposé que tous les points du mobile se meuvent avec la même vitesse ; les discussions de Cinématique n’ont aucune place en l’œuvre du Maître normand.

En acceptant sans restriction ni hésitation les règles qu’Aristote, au VIIe livre de sa Physique, avait imposées à la Dynamique, Thomas Brawardine et Maître Jean de Murs se montraient beaucoup plus aisés à satisfaire que ne le sera, peu d’années après eux, Maître Jean Buridan.

Dans son grand ouvrage sur la Physique d’Aristote, le Philosophe de Béthune consacre deux questions[2] à discuter les règles de Dynamique que le Stagiaire avait posées : et cette discussion impitoyable met clairement en évidence cette vérité : Il n’existe en la nature aucun mouvement auquel ces règles soient correctement applicables.

Jean Buridan a, d’ailleurs, soin de remarquer, et cela à plusieurs reprises, que certaines des règles posées par Aristote sont manifestement fausses lorsque le mouvement ne se poursuit pas avec une vitesse constante ; mais de la vitesse variable que présentent certains mouvements tels que la chute des graves, il ne tente aucunement de faire une étude précise ; si les problèmes de Dynamique le préoccupent, les questions de pure Cinématique ne sollicitent nullement son attention.

  1. Ms. cit. fol. 73, ro, à fol. 81, ro.
  2. Questiones totius libri phisicorum édite a Magistro Johanne Buridam. De motu. Liber viiii phisicorum. Queritur 7o circa ultimum capitulum hujus viii, in quo Aristotelis ponit multas regulas de comparationibus motuum secundum habitudinem ad motores, et est hec questio de primis duobus regulis, videlicet utrum he due regule sunt vere. — Queritur 8o et ultimo magis generaliter de illis regulis Aristotilis quas ipse ponit in ultimo capitulo hujus viii phisicorum utrum sint universaliter vere (Bibl. Nat., fonds lat., ms. no 14.723, fol. 94, col. a, à fol. 95, col. a). — Acutissimi philosophi reverendi Magistri Johannis Buridani subtilissime questiones super octo phisicorum libros Aristotelis. Parisiis, 1509, fol. cvii, col. b, à fol. cviii, col. d.