Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VII.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
472
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

D’ailleurs, nous connaissons la date de ce Traité des proportions : il fut composé en 1328, comme nous l’apprend la mention par laquelle il se termine en deux des manuscrits conservés à la Bibliothèque Nationale[1], et qui est la suivante : « Explicit tractatus de proportionibus editus a Magistro Thoma de Breduardin anno domini MoCCCo28. »

L’influence de l’écrit de Bradwardine ne demeura pas confinée à Oxford ; très vite, elle se fit sentir à Paris ; mais les deux chapitres consacrés à la Dynamique semblent avoir, tout d’abord, attiré l’attention ; c’est à eux vraisemblablement qu’il convient d’attribuer la composition de divers écrits destinés à fixer la relation qui existe entre la vitesse avec laquelle un mobile se meut, la puissance qui met ce mobile en mouvement et la puissance contraire qui le retient,

Il semble, par exemple, que l’influence de Bradwardine se laisse deviner en ce que Walter Burley dit de cette relation[2], lorsqu’il commente le VIIe livre de la Physique d’Aristote ; les termes en lesquels Burley affirme que la vitesse d’un mouvement est proportionnelle au rapport de la puissance à la résistance rappellent ceux qu’emploie le mathématicien dont il avait été sans doute, à Oxford, le condisciple ou le collègue.

Il est permis également de croire que les théories dynamiques de Thomas Bradwardine ont contribué à suggérer les théories, toutes semblables en leurs conclusions, que Maître Jean de Murs a longuement exposées en son Opus quadripartitum numerum[3].

De cet ouvrage, la date nous est connue avec précision, car il se termine par cette mention[4] :

« Laus et honor, motus (?), gloria, potestas sit summo Deo a quo omnis sapientia derivatur, qui me servum suum ad terminum attulit præoptatum. Actum anno Domini Jesu Christi 1343, Novembris 13 die, orto jam Sole, initio Serpentarii exeunte, Luna quoque in Libra, in fine primæ faciei, secundum veritatem tabula-

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 16.621, fol. 212, vo ms. no 14.576, fol, 261, col. 6. En ce dernier ms., au lieu de Breduardin, on lit : Bradelbardin ; le scribe a dû lire les lettres lb là où le texte qu’il copiait portait un w.
  2. Burleus super octo libros physicoium. Colophon : Impressa arte et diligentia Boneti locatelli bergomensis, sumptibus vero et expensis Nobilis viri Octaviani scoti modoetiensis… Venetiis. Anno salutis nonagesimoprimo supra millesimum et quadringentesimum. Quarto nonas decembris.
  3. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7.190, fol. I, ro, à fol. 100, vo. — Sous ce titre : Johannis de Muris De mensurandi ratione, ce même traité se trouve aux mss, 7.380 d 7.381 du même fonds ; nous n’avons pas consulté ces deux derniers manuscrits.
  4. Ms. cit., fol. 100, vo.