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CHAPITRE V
LA LATITUDE DES FORMES AVANT ORESME

I
LES ORIGINES DE LA CINÉMATIQUE. LA NOTION DE VITESSE.
GUILLAUME D’OCKAM


le traité : De proportionalitate motuum et magnitudinum.


Aux notions de temps et de mouvement se trouve intimement liée une troisième notion, celle de vitesse. L’analyse de cette notion a très fortement retenu l’attention des maîtres du Moyen Âge. Les méditations auxquelles ils se sont livrés à ce sujet les ont conduits à découvrir des vérités qui ont eu, sur le progrès de la science, la plus grande et la plus salutaire influence. Retraçons donc, aussi exactement que nous le pourrons faire, l’histoire de ces méditations.

Les physiciens et les astronomes de l’Antiquité, ceux du Moyen Âge jusqu’au milieu du xive siècle, n’ont considéré avec quelque attention que deux sortes de mouvements : le mouvement de translation uniforme et le mouvement de rotation uniforme. Parfois, à la vérité, il leur arrivait de rencontrer, au cours de leurs spéculations, un mouvement qui n’appartînt à aucune de ces deux categories ; Aristote savait fort bien, par exemple, qu’un grave se meut de plus en plus vite au fur et à mesure que sa chute dure davantage, et bien d’autres après lui avaient écrit sur ce mouvement accéléré ; mais ceux qui en parlaient se contentaient d’indications purement qualitatives ; ils ne cherchaient pas à décrire avec une précision géométrique ce changement de vitesse.

En deux translations uniformes, la comparaison des vitesses se