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LE MOUVEMENT ET LE TEMPS

vement d’altération, aux durées du mouvement de dilatation ou de contraction.

» Proprement, le mot temps est pris pour la durée du mouvement local ; le rôle du temps et du mouvement dont le temps résulte, est de mesurer les autres mouvements ; or les conditions appropriées au mouvement dont le temps résulte, conditions grâce auxquelles ce mouvement mesure les autres mouvements, se rencontrent plus aisément dans le mouvement local que dans les autres mouvements ; en effet, comme le dit le Commentateur vers la fin du traité du temps, les conditions que doit remplir le mouvement dont le temps résulte directement sont qu’il soit perçu par notre sens, qu’il se prête à une mesure plus manifeste que les autres mouvements et que nous puissions mieux en reconnaître l’uniformité… ; mais le mouvement local remplit ces conditions d’être mieux perçu par nos sens que les autres mouvements d’altération, de dilatation et de contraction ; en outre, son uniformité nous peut être mieux connue que l’uniformité des autres mouvements.

» Plus proprement, on prend pour temps la durée d’un mouvement local circulaire accompli autour du centre du Monde ; au moyen de la durée d’un tel mouvement, en effet, les grandeurs des mouvements accomplis ici-bas peuvent, selon le cours naturel des choses, être déterminées, par l’intelligence humaine, mieux qu’au moyen de tout autre mouvement ; la durée des autres mouvements, en effet, n’est pas la même pour tous les habitants de la Terre ; en outre la variabilité de ces mouvements ne peut être ni perçue par le sens ni connue par la raison, tandis que pour le mouvement circulaire d’un corps céleste, nous la pouvons connaître…

» Enfin, de la manière la plus propre, on prend pour temps la durée du mouvement du premier mobile, parce que le mouvement du premier mobile est le premier de tous les mouvements et celui de tous qui est le plus uniforme ; or ce sont là les conditions essentielles du mouvement dont le temps résulte directement ; en outre, le mouvement du premier mobile est le plus rapide, en sorte qu’il joue le mieux le rôle de mesure. »

La pensée qui paraît dominer dans l’esprit Burley est évidemment celle-ci : L’homme peut choisir d’un grand nombre de manières différentes le mouvement qui lui servira à définir le temps ; un seul principe doit guider son choix ; c’est qu’il convient de prendre le mouvement le plus propre à servir de mesure aux autres. Mais lorsqu’il énumère les caractères auxquels on reconnaît qu’un mou-