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L’INFINIMENT PETIT ET L’INFINIMENT GRAND

actuellement terminée par deux points en tant qu’elle est privée de toute extension ultérieure. »

C’est la pensée, et presque le langage de Guillaume d’Ockam ; en même temps, c’est l’exact contre-pied de l’enseignement de Duns Scot.

Entre l’opinion qu’avait proposée Duns Scot et l’opinion que viennent de défendre Ockam et Durand, l’école de Paris va se diviser.

Contre Ockam, nous trouvons son constant adversaire Walter Burley.

Le commentaire composé par Burley sur les Catégories d’Aristote reproduit les arguments qu’en sa Logique, au chapitre De la quantité. Ockam avait accumulés contre la réalité des indivisibles ; puis il continue en ces termes[1] : « Il faut savoir que quelques modernes, à cause des raisonnements qui ont été faits ci-dessus, nient qu’il existe des points, des lignes et des surfaces. Contre eux, on peut prouver que, parmi les êtres d’ici-bas, il y a quelque chose qui a longueur et largeur et qui manque de profondeur ; et quelque chose qui a longueur sans largeur ; enfin quelque chose qui est absolument indivisible et qui manque de toute dimension.

» Afin de prouver ces propositions, on suppose que tout corps est fini et terminé… ; on suppose ensuite que tout ce qui est terminé a un terme ultime au delà duquel il n’y a plus rien qui soit de lui ; on suppose, en troisième lieu, que tout terme ultime est indivisible d’une indivisibilité opposée à la divisibilité de la chose que borne ce terme. »

C’est tout simplement supposer ce qui est en question ; ce que nieraient Ockam et Durand de Saint-Pourçain, c’est précisément que, pour être terminé, un corps ait besoin d’un terme autre que lui-même.

Cette thèse « dont les modernes soutiennent le contraire », Burley la reprend en ses commentaires à la Physique d’Aristote[2] ;

  1. Preclarissimi viri Gualterij Burlei anglici sacre pagine professoris excellentissimi super artem veterem Porphyrij et Aristotelis expositio sive scriptum feliciter incipit, Colophon. Explicit scriptum preclarissimi viri Gualterij Burlei Anglici sacre pagine professoris eximij. in artem veterem Porphyrij et Aristotelis, arte ac diligentia Boneti de locatellis sumptibus veto. D. Octaviani Scoti Impressum Venetils anno 1488. Octavo idus Julij. Liber prædicamentorum, au sujet de ce texte : Propriæ autem quantitates hæ surit solæ quas diximus ; fol. sign. d, col. c et d.
  2. Burleus super octo libros physicorum. Colophon : Et in hoc finitur expositio excellentissimi philosophi Guallerij de burley auglici in libros octo de physico auditu. Aristo, stagerite (sic), emendata diligentissime. Impressa arte et diligentia Boneti locatelli bergomensis, sumptibus vero et expensis Nobilis viri Octaviani scoli modoetiensis. Et humato Jesu eiusque genetrici virgini Marie