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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

donné de consulter ; la théorie du mouvement tient une grande place dans ce résumé ; des pages que notre occamiste lui consacre, nous extrairons quelques passages.

Les thèses qu’il formule sont rangées dans le premier chapitre de son opuscule ; c’est-à-dire qu’elles sont toutes rattachées par lui à ce principe[1] : « Dieu peut produire et conserver indépendamment les unes des autres toutes les choses, distinctes les unes des autres, dont aucune n’est partie essentielle d’aucune des autres, et dont aucune n’est Dieu. »

« D’après ce qui a été dit précédemment, écrit notre auteur[2], il [Ockam] admet que les six prédicaments dont traite l’Auteur des Six principes ne sont pas choses distinctes des réalités absolues, et en voici la raison : Selon le principe qui a été énoncé ci-dessus, Dieu peut produire et conserver indépendamment les unes des autres toutes les choses, distinctes les unes des autres, dont aucune n’est partie d’une autre. Mais il est évident que l’action, la passion, etc., ne peuvent être produites sans réalités absolues. Donc, etc.

» Selon ce qui a été dit, il pose[3] que le mouvement n’est pas une chose autre que les réalités permanentes ; cela résulte de ce fait que Dieu ne saurait, sans réalités permanentes, produire le mouvement…

» D’après cela, d admet[4] que le mouvement n’a pas de définition de chose (quid rei), mais seulement une définition de nom (quid nominis). Pour définir ce nom, on pose de nombreuses affirmations et négations.

» Considérez, par exemple, le mouvement local. Le mouvement local est ainsi défini : Le mobile est en un certain lieu ; immédiatement auparavant, il a été d’une manière successive en une infinité de lieux, de telle façon que d’aucun de ces lieux on ne puisse dire deux fois avec vérité : le mobile est en ce lieu ; et immédiatement après, le mobile sera en un autre lieu.

» Il en est semblablement des autres mouvements. Considérez, par exemple, le mouvement d’altération. Il dit que le mouvement d’altération, c’est une qualité qu’a précédée une infinité de quali-

  1. Auctoris anonymi Op. laud., cap. I, prop. 3a ; Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 16130, fol. 121, col. a.
  2. Auctoris anonymi Op. laud., cap. I, prop. 101a (non numérotée) ; ms. cit., fol. 125, col. b.
  3. Auctoris anonymi Op. laud., cap. I, prop. 102a (non numérotée) ; ms. cit., ibid.
  4. Auctoris anonymi Op. laud., cap. I, prop. 103a (non numérotée) ; ms. cit., ibid.