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L’INFINIMENT PETIT ET L’INFINIMENT GRAND

des autres ; l’autre qu’il est composé de minima se soudant entre eux avec continuité.

À chacune de ces deux formes, il oppose l’argument de Roger Bacon et d’autres arguments analogues, celui-ci, par exemple : « Des cercles concentriques sont tous rencontrés par n’importe quel rayon issu du centre ; il faudrait donc qu’ils renfermassent tous le même nombre d’atomes et, par conséquent, qu’ils fussent tous égaux entre eux. »

La réfutation géométrique de la doctrine des indivisibles, proposée par Roger Bacon et par Duns Scot, fut propagée dans l’École, tout d’abord, par les disciples du Docteur Subtil. En ses Questions sur la Physique d’Aristote, le scotiste Jean le Chanoine reprend sommairement[1] l’argumentation de son maître. De son côté, en un de ses Quodlibet[2], Guillaume d’Ockam résume les démonstrations géométriques de Duns Scot.

Parmi les logiciens qui suivent la tradition de Guillaume d’Ockam, le plus puissant, nous aurons occasion de le reconnaître, est assurément Grégoire de Rimini.

Grégoire de Rimini était ermite de Saint Augustin. Le 28 mai 1357, il fut élu prieur général de cet ordre, que Gilles de Rome avait autrefois illustré ; mais il n’occupa guère ces fonctions pendant plus d’un an, car il mourut à Vienne (Isère), vers la fin de l’année 1358.

De Grégoire de Rimini, on possède un volumineux commentaire sur les deux premiers livres des Sentences ; par une heureuse et trop rare circonstance, ce commentaire, auquel nous aurons à faire de nombreux emprunts, est daté ; il reproduit des leçons données à Paris en l’an 1344[3].

  1. Joannis Canonici Quæstiones in libros Physicorum Aristotelis ; in librum VI, quæst. unica.
  2. Guilielmi de Ockam Quodlibeta septem ; Quodlib. I, quaest. IX : Utrum linea componatur ex punctis.
  3. Gregorius de Arimino in Primum sententiarum nuperrime impressus. Et quamdiligentissime sue integritali restitutus. Per doctissimum Sacre pagine professorem Fratrem Petrum Garamanta doctorem Parrhisiensem Augustinianum. Venundantnr Parrhisijs a Claudio Chevallon in vico Jacobeo sub intersignio Solis aurei : et in vico divi Johannis Lateranensis sub intersignio divi Christofori. Colophon : Explicit lectura primi sententiarum fratris Gregorii de Arimino : sacri ordinis heremitarum sancti Augusti. Theologie professoris precellentissimi prioris generalis quondam prefati ordinis. Qui legit Parisius anno domini 1344. Per venerabilem sacre Theologie professorem fratrem Petrum de Garanla (sic) quanidiligentissime castigata et sue pristine integritati restituta, — Gregorius de Arimino in secundum sententiarum … sub signo Sancti Christofori. Colophon : Explicit lectura Secundi sententiarum Fratris Gregorii de Arimino : … professoris excellentissimi qui legit Parisius anno domini 1344 … Cette édition, imprimée par Claude Chevallon, ne porte pas de date.

    Nous avons également consulté l’édition suivante : Gregorius de Arimino