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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

Le principe à l’aide duquel Jean de Baconthorpe entend établir la possibilité de l’infini actuel, c’est celui-ci : Le Monde aurait pu être créé de toute éternité. D’ailleurs, Dieu aurait pu, chaque jour, créer une pierre et la maintenir en existence ; la multitude de ces pierres serait actuellement infinie.

Des objections ont été faites à cet argument ; notre auteur trouve qu’aucune d’elles ne porte ; aussi conclut-il en ces termes[1] :

« Pour cette raison, je dis que le philosophe et le théologien tiendraient un langage différent au sujet de l’éternité du Monde.

» Le philosophe dit que le Monde a existé de toute éternité et qu’une infinité d’individus ont précédé l’instant présent ; mais cette production d’individus dans le passé a été accompagnée de la continuelle destruction de ces mêmes individus ; ces individus n’ont pas tous été conservés en existence, car cela impliquerait, pour le Monde, une impossibilité ; l’infini [actuel] ne résulte donc pas de cette opinion.

» Le théologien dirait, de son côté, que si le Monde avait été de toute éternité, une infinité d’individus eussent précédé ceux qui existent maintenant ; mais comme il suppose que Dieu aurait pu conserver tous ces individus, le théologien accorderait la possibilité de l’infini en acte, du moins de l’infini en remontant dans le passé, et non pas de l’infini absolu, c’est-à-dire de l’infini étendu aussi bien vers l’avenir que vers le passé…

» Nécessairement, en effet, le théologien doit accorder que l’infini n’est pas en acte du côté de l’avenir.

» Admettons, en effet, que dans le Monde, tel qu’il est à présent, il y ait une infinité de petites pierres, produites d’une façon


    mam auerroïs : Mentem aristotelis intus et incute apertissime intueri licet. Christianæ Religionis arma vulcains munitions contra Indeos solus hic doctor in iii. et iiii. libro ministranda tradidit : Mesiæ adventum dilucidat Antichristi aperit venturam Fallaciam : Quem multi errore ducti venisse opinantur. Manmethi secutam prosternit, scripturæ nodos solvit. Enigmata cuncta serenat. Heus quisquis es. Id omne referas Petro terassæ. Qui theologorum omnium clariss. Oratorum Facundis, Carmelitanæ religionis et partis opt. & Generalis meritiss. hoc opus aureum propiris impensis iussit (quæ est sui animi aput (sic) omnes gratitudo) prodire in lucem. Colophon du quatrième tome : Theologi excellentissimi Ioannis Bacconis Anglici Carmelite Questiones disputate in quartum sententiarum. Explicit Mediolani. In officina libraria Léonardi Vegii anno MDX die xxvi Aprilis. Duce Mediolani VII Ludovico : ac Fælicissimo Francorum Rege. GUbernante Carolo de Ambosya omnium mortalium iustissimo, et gloria rei militaris illustrissimo : Præside iafredo Caolo virorum omnium sapientissimo. Les tomes I, II et III portent les dates suivantes : Anno MDX, die xxiii Aprilis — Anno MDXI, Die xvii Februarii. — Mediolani Mcccccx die xxv mensis Februarii.

  1. Doctoris Resoluti Iohannis Bacconis Anglici Carmelite. Liber secundus super Sententias ; Dist. I, quæst. VII ; éd. cit., t. II, fol. XIX, col. d, et fol. XX, coll. a et b.