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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

mentaire au second livre des Sentences, qui ne fut pas publié avant 1309[1], lorsque l’Archevêque de Bourges rencontrait[2] quelqu’une des décisions prises à Paris en 1277, il avait grand soin de montrer que sa doctrine ne la heurtait pas.

Qu’un docteur parisien lut libre do ne tenir aucun compte des décisions prises par l’archevêque de Cantorbéry ; que le décret même d’Etienne Tempier eût grand besoin d’être révisé ; que cette révision s’imposât comme un devoir à ses successeurs, c’est ce que nous allons entendre soutenir1 par Godefroid de Fontaines.

Godefroid de Fontaines[3] appartenait à la noble famille des comtes d’Hozémont ; élève d’Henri de Gand et de Gervais du Mont Saint-Éloi, il fut pendant treize ans maître en activité (magister actu regens) de l’Université de Paris. En 1292, il fait partie d’une commission chargée par Nicolas IV d’apaiser une querelle qui, depuis deux ans, mettait aux prises le chancelier et le recteur. Le 16 février 1301, le cardinal Lemoine offre, par son intermédiaire, un de ses livres à l’Université. Les dignités ecclésiastiques affluèrent vers le docte Godefroid ; nous le voyons chanoine de Paris, prévôt de la cathédrale de Cologne (1287-1293), chanoine de Tournai ; en 1300, il est élu évêque de cette dernière ville en concurrence avec Étienne, archidiacre de Bruges, niais, entre les mains de Boniface III, il renonce à ses droits à l’épiscopat.

Le 26 février 1303, il assiste à une assemblée universitaire tenue à Paris ; jusqu’en 1306, on le trouve cité parmi les associés les plus âgés (inter seniores socios) de la maison de Sorbonne ; lorsqu’il mourut, à une date inconnue, il légua à cette maison sa bibliothèque, fort riche pour l’époque, puisqu’elle comptait trente-huit volumes.

Godefroid de Fontaines n’est aucunement disposé à accepter les condamnations portées par Robert Kilwardbv. Nous le voyons, par exemple, en 1286[4], contester[5] au sujet de « cet article, jugé hérétique en Angleterre : Le corps d’un saint ou d’un homme quelconque, que la putréfaction n’a pas encore transformé en gaz

1. Voir Seconde partie, Chapitre IX. § IV ; t. IV, pp. loG-tig

2. Ægidu Komanï Super xecwndo Ztoro Sentent tarum opux, Disk XIV, qnæsU III : De m»lu tirmamenlî ; arl. IV.

3. Maurice De Wulf, Histoire de la P/itVosop/iïe en Belgique, Bruxelles et Paria, igio, p- 5g et pp* 82-86.

4. M, De Wulf, Histoire de la Philosophie en Belgique, p. 89.

5. Les quatre premiers Quodlibets de Godefroid de Fontaines, publiés par M. Dr Wulf elA* Pelzer ; Quodlib, lll, quæsk V (Les Philosophes Belges, t- H, Louvain, igo/| ; pp. 2OJ 206)*

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