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L’ÉCLECTISME PARISIEN

loquendo), il me semble… qu’à une causalité qui ne requiert en son effet aucune innovation, il ne répugne pas que l’effet soit coéternel à la cause. »

Ainsi, l’effet pourra être coéternel à la cause si la cause dont il s’agit ne fait pas passer l’effet de la non-existence à l’existence, mais conserve simplement l’existence de l’effet ; ainsi en est-il, en la philosophie des Néoplatoniciens, de Dieu à l’égard des intelligences, des substances éternelles qui émanent de lui.

L’effet pourra encore être coéternel à la cause, si la cause maintient cet effet en un continuel devenir (in fieri), ainsi une cause éternelle pourra produire un mouvement éternel.

« Mais si l’on entend le mot effet au sens strict, au sens qui est relatif à la cause efficiente, cet effet-là n’est ainsi nommé que parce qu il est une chose produite à nouveau ; à cet effet-là, ne d’avoir existé

cette proposition est contradictoire : Une certaine chose a été, à nouveau, produite à l’existence, et cependant cette chose a été de toute éternité. En effet, tout ce qui, à nouveau, est produit à l’existence, possède l’existence après la non-existence,… tandis que tout cc qui est éternel a toujours possédé l’existence… Cette conclusion répugne donc : Un certain effet a été produit au sens propre du mot, et cependant, il est éternel… Ces deux affirmations ne sauraient donc tenir à la fois : Le Monde a été produit, et cependant le Monde est éternel. »

Des considérations que nous venons de résumer, il est permis de penser que ce sont de simples tautologies ; Burley paraît cependant les avoir regardées comme une démonstration tirée de principes de Physique, et parfaitement convaincante, de cette : Si le Monde a été créé, il n’est pas éternel.

Le parti que Burley vient de prendre au sujet du problème de l’origine du Monde le met en contradiction avec la plupart tenu l’impossibilité d’établir, par des raisons de Physique, la nonéternité du Monde, les docteurs thomistes, tels que Gilles de même unanimité, adopté cette opinion. En professant que l’éterfort isolé ; le seul de ses prédécesseurs dont il pourrait s’auto-

1. Hervæi Britonis Op. laud'., Lib. II, Dist. I, quæst. I.