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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

Ce passage a pour but de montrer que le texte meme d’Aristote contredit au Nominalisme et au Conceptualisme ; que l’analyse de ce texte conduit à ces conséquences : Il y a des universaux qui existent hors de l’esprit ; ce sont les universaux du genre substance, le genre et l’espèce, ceux que le Stagirite nomme des substances secondes, pour les distinguer des substances premières, qui sont les individus. « C’est pourquoi[1] il me semble que les propos formulés par le Philosophe en nombre d’endroits ne peuvent être soutenus à moins de supposer que toute substance seconde est une véritable substance. »

Cette doctrine, Burley ne se borne pas à l’autoriser des paroles d’Aristote ; il la reprend et la démontre pour son propre compte. « Je pose, dit-il[2], deux conclusions :

» La première de ces conclusions, c’est qu’il existe hors de l’esprit quelque chose qui n’est pas singulier…

» La seconde conclusion que j’ai à prouver est la suivante : Les universaux tels que le genre et l’espèce ne sont pas des concepts en l’esprit. Cette conclusion, je la prouve par cinq moyens… »

Ces universaux-là sont des choses qui existent hors de l’esprit, de véritables substances. « Mais bien quo l’universel soit une chose extérieure à l’esprit[3], ce n’est pas une partie de l’individu… Je dis, cependant, qu’il appartient à la quiddité de l’individu ou qu’il est un tout par rapporta l’individu. Par quiddité, j’entends ce que la définition signifie, ce par quoi on répond à la question que voici ; Qu’est (quid est) cet individu ? »

« Cette chose[4], commune à Socrate et à Platon, qui est l’homme, d’une part, et Socrate, d’autre part, sont deux choses ; mais ce ne sont pas deux substances ni deux corps. » « Bien que les substances secondes[5] soient de véritables choses extérieures à l’esprit, il n’en résulté pas que la substance singulière soit composée d’une substance universelle et d une substance particulière. »

Il pourrait sembler que ces deux derniers passages contredisent celui où notre auteur prétendait, afin de sauvegarder l’enseignement d Aristote, que toute substance seconde est vraiment une substance ; mais la contradiction n’est que dans les mots. « Selon

1. Walter Burley, Op. laud., éd. cit., fol, aigu. c. 3, col, a.

2. Burlæus Super libros Physicorum, lib. I, tract. I ; éd. cit., fol. 7, coll. a et c,

3. Burlæi Op. laud., foc » cil. ; éd— ciLÿ fol, 8, col— a*

4. Walter Burley, ibid.

5 » Bi *Lti Liber prædicamentorum, éd. cit., fol. c. 3, col. a.

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