mieux que tous les mortels (quidam asserentes se scire Logicam super omnes mortales) ne répondaient à ce dernier argument dans les termes suivants : En disant : Je vous promets un bœuf, ce que je vous promets est une certaine chose singulière extérieure à l’esprit ; mais je ne vous promets pas ce bœuf-ci ou celui-là ; en effet, en cette proposition : Je vous promets un bœuf, ce terme : un bœuf, est pris seulement d’une manière confuse ; il n’est point pris d’une manière distinctive pour tel ou tel bœuf singulier…
» Mais, sans aucun doute, ce raisonnement ne vaut rien ; en effet, en vous promettant un bœuf, je vous promets quelque chose qui est extérieur à l’esprit ; mais, de votre propre avis, je ne promets pas une chose singulière ; si donc, hors de l’esprit, il n’y a rien qui ne soit singulier, il en résulte que je ne vous ai rien promis qui existe hors de l’esprit. »
Burley ne se met donc pas à la suite de ces Occamistes qui prétendent savoir la Logique mieux que quiconque ; mais ce n’est pas pour donner dans le Conceptualisme, bien au contraire ; à vrai dire, c’est à l’encontre du Conceptualisme qu’il argumente surtout en ses divers écrits.
« Cette division, dit-il[1] en commentant les Catégories d’Aristote, fait apparaître deux conclusions contraires aux dires des modernes.
» En premier lieu, les universaux qui appartiennent au genre de la substance existent hors de l’esprit. En effet, tout ce qui est dit d’un sujet et ne réside pas dans un sujet est un universel du genre substance. Mais tout être qui n’existe pas en un sujet est forcément extérieur à l’esprit, car s’il était en l’esprit, il serait en un sujet ; puis donc qu’aucune substance seconde n’est en un sujet, il en résulte qu’elle n’est pas en l’esprit, et, par conséquent, qu’elle existe hors de l’esprit. Dès lors, si l’universel n’était, rien qu’un mot ou un concept, il en résulterait que tout universel est dans un sujet ; partant, ce qui est dit d’un sujet sans résider en un sujet, ce ne serait rien du tout.
» Une seconde conclusion contraire aux modernes est la suivante : Toute proposition se compose de choses extérieures à l’esprit. Le prédicat d’une proposition est, en effet, quelque chose qui est dit d’un sujet et qui ne réside pas dans un sujet ; et ce quelque chose est hors de l’âme. »
- ↑ Burlæi Liber prædicamentorum ; éd. cit., 3e fol. après le fol. sign. b. 4, col. d.
