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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

» Si donc mon désir doit prendre fin dans ce temple admirable et angélique qui n’a d’autres confins que l’amour et la lumière,

» Il convient que j’entende encore comment l’image et le modèle ne vont point d’une même manière ; car, par moi-même, c’est en vain que je contemple cette question.

« Si tes doigts ne sont pas suffisants pour un tel nœud, ce n’est pas merveille, tant, à ne pas tenter de le délier, il est devenu solide. »

Ainsi ma Dame ; puis elle dit : « Écoute ce que je te dirai, si tu veux être satisfait, et là-dessus, aiguise ton esprit.

» Les orbes corporels sont amples ou resserrés selon le plus ou le moins de la vertu qui se diffuse en toutes leurs parties.

» Une plus grande bonté veut faire un plus grand bien ; un plus grand bien embrasse un plus grand corps, s’il a ses parties également parfaites.

» Donc celui qui emporte avec lui tout ce qui forme le haut univers correspond au cercle qui plus aime et sait davantage.

» C’est pourquoi si tu embrasses par ta mesure la vertu et non pas l’ampleur des substances qui t’apparaissent en forme de cercles,

» Tu verras l’admirable convenance de plus grand à plus ou de moins grand à moins qui est entre chaque ciel et son intelligence. »

Chacun des neuf cercles embrasés qui figurent, aux yeux de Dante, les moteurs séparés des orbes célestes, le poète le regarde comme de nature angélique ; mais il n’en fait pas un ange unique ; il en fait un de ces neuf chœurs qu’a distingués Deuys, le Pseudo-Aréopagite. Voici, en effet, ce que Béatrice ajoute aux explications déjà données :

« Les premiers cercles t’ont montré les Séraphins et les Chérubins,

» Combien rapidement ils suivent les liens qui les retiennent afin de se rendre, autant qu’ils peuvent, semblables au point ; et ils le peuvent d’autant mieux que, pour voir, ils sont plus élevés.

» Ces autres amours qui vont autour de ceux-là, se nomment les Trônes de la face divine, car ils terminent le premier ternaire.

» En l’autre ternaire… sont les trois déesses ; en premier lieu les Dominations, et puis les Vertus ; l’ordre troisième est celui des Puissances.

» Puis, dans les deux pénultièmes rondes, tournent les Principautés et les Archanges ; la dernière est faite tout entière des jeux des Anges.