espèces intelligibles forment, en l’intelligence, des concepts abstraits, universels qui constituent encore une connaissance première de l’objet.
Toute cette théorie, communément reçue dans les écoles, Ockam la rejette sans ambages.
« Selon ce qui a été dit précédemment, il nie[1] qu’il y ait, en la sensation et en l’intelligence, des espèces premières ; d’une manière universelle, il nie toute représentation dont on puisse dire qu’une chose en représente une autre au point de nous pouvoir conduire à la connaissance première de celle-ci ; une chose nous rappelle seulement une autre chose antérieurement connue. La raison en est que la pluralité ne doit pas être admise alors qu’il n’y a pas nécessité de l’admettre ; or, à la connaissance intuitive suffisent une puissance convenablement disposée, un objet présent et des causes extrinsèques ; en effet, nous ne voyons pas, par expérience, qu’elle requière quoique ce soit d autre ; la raison ne nous convainc pas, non plus, qu’il faille admettre davantage et l’autorité ne nous y oblige pas ; il n’est donc pas nécessaire, en vue de la connaissance intuitive, d’admettre de telles espèces. Cela n’est point nécessaire non plus pour la connaissance abstraite ; à celle-ci, en effet, outre la puissance et les causes extrinsèques, suffit la manière d’être qu’a laissée après elle la connaissance intuitive précédente ; l’expérience, en effet, nous montre où : Lorsque nous avons vu un certain objet, nous pouvons ensuite, en l’absence de cet objet, y penser. »
« Selon ce qui a été dit précédemment, il nie[2] que des espèces représentatives soient reçues dans le milieu ou par un miroir ; d’une manière universelle, il dit qu’une chose n’en représente jamais une autre de telle sorte qu’elle conduise à la connaissance première, simple et propre de celle-ci. Toutefois, une certaine couleur, une certaine chaleur, une certaine odeur peuvent bien être reçues dans le milieu… »
Le sens percevra donc la couleur, la chaleur, l’odeur qui résident dans le milieu ; mais ces qualités n’ont pas à ressembler à l’objet dont elles émanent ; en tout cas, qu’elles lui ressemblent ou non, elles ne nous peuvent conduire à la connaissance première et propre de cet objet ; ces qualités ne nous peuvent