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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

» Item. Tractatus Okam de successivis[1].

» Item. De predestinatione et fine[2].

Cette liste n’est pas complète. Après le traité De consequentiis de Walter Burley, traité qui, lui-même, y est omis, et avant le Tractatus de successivis de Guillaume d’Ockam, se trouve une œuvre anonyme d’assez grande étendue[3]. C’est cette œuvre que nous nous proposons d’analyser.

Ce que nous savons d’Henri Pistoris de Lewis, propriétaire du recueil où nous trouvons cette œuvre, nous montre qu’elle ne saurait avoir été composée longtemps après l’année 1350 et qu’elle est vraisemblablement antérieure à cette époque.

Cette œuvre est un exposé fort complet de la doctrine occamiste. L’auteur en rattache toutes les propositions à deux principes ; son traité se trouve tout naturellement, par là, partagé en deux chapitres.

Le premier principe, qui ouvre le premier chapitre, est formulé en ces termes[4] :

« Deus potest facere omne quod fieri non includit contradictionem. Dieu peut faire tout ce dont la production n’implique aucune contradiction.

» Remarquez que je ne dis pas : Dieu peut faire tout ce qui n’implique aucune contradiction ; alors, en effet, il pourrait se faire lui-même, car il n’implique aucune contradiction. Mais il peut faire tout ce dont la production n’implique aucune contradiction. c’est-à-dire toute chose pour laquelle cette proposition : cette chose est faite, n’entraîne aucune contradiction. »

Le second chapitre débute par l’énoncé que voici du second principe[5] :

« Pluralitas nunquam ponenda est sine necessitate ponendi. La pluralité ne doit jamais être admise sans qu’il y ait nécessité de l’admettre.

» Il expose également ce qu’il appelle nécessité d’admettre, il dit qu’il entend par là la raison ou l’expérience ou bien l’autorité de l’Écriture, à laquelle il n’est pas permis de contredire, et l’autorité de l’Église.

  1. Fol. 131, col. b, à fol. 140, col. c.
  2. Traité connu de Guillaume d’Ockam, Fol. 140, col. c, à fol. 142, col. a (inachevé).
  3. Fol. 121, col. a, incipit : Ia Conclusio : Deus potest facere omne quod fieri non includit contradictionem. — Fol. 131, col. b, explicit : Sed quod hic est finis quo non dilecto non diligitur aliud.
  4. Op. laud., Cap. I, Ia concluait » ; ms. cit., fol. 121, col. a.
  5. Op. laud., Cap. II ; ms. cit., fol. 128, col. d.