que celle-ci a faits pour renouer ses anciennes traditions ; l’hypothèse d’une distinction essentielle et radicale entre la substance céleste et les substances sublunaires est demeurée comme une marque de l’invasion que la pensée hellénique a accomplie ; longtemps encore il nous faudra attendre le moment où l’on composera les astres des mêmes éléments que les corps sublunaires.
Mais, si cette théorie-là et nombre d’autres gardent encore le souvenir de l’empire que la philosophie d’Aristote a exercé, quels ébranlements cette philosophie n’a-t-elle pas subi en ses principes et jusqu’en sa méthode !
En la plupart des grandes questions de la Métaphysique, il a été reconnu que la raison naturelle était également impuissante à assurer, par des démonstrations convaincantes, soit le pour, soit le contre ; l’enseignement de l’Église peut seul fixer l’hésitation de notre esprit en balance. Or cette incertitude du raisonnement ne se borne pas à la Métaphysique ; elle s’étend à la Physique ; là aussi, il arrive bien souvent que, de deux partis contraires, ni l’un ni l’autre ne saurait opposer à son adversaire un argument sans réplique.
« En Physique[1] comme dans les autres sciences, il peut y avoir des démonstrations en propter quid », par lesquelles on descend des effets aux causes ; « toutefois, l’ordre de la science veut que l’on commence par les choses les plus connues et les plus aisées ; et, par conséquent, on doit en général, procéder de l’effet à la cause. » « C’est donc a posteriori que nous connaîtrons[2] la matière, la forme, » et la plupart des autres choses dont nous discuterons, « car nous ne pouvons prouver tout cela a priori. »
On ne devra donc point, en Physique, exiger des démonstrations par les causes. On ne devra pas, par exemple, se refuser à admettre l’existence de la matière et de la forme sous prétexte que l’on n’en saurait donner le propter quid.
« Peut-être dira-t-on[3] : puisqu’on n’en peut assigner la cause,