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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

du Chapitre de Barcelone, et comme il se rendait en Avignon pour prendre part aux fêtes de la canonisation de Thomas d’Aquin, la maladie l’arrêta à Narbonne où il mourut ; il faut, vraisemblablement[1] fixer au 7 août, suivant Bernard Gui, la date de sa mort, bien que certains textes la fixent au 8 août, au 9 août, au 10 août et même au 26 septembre.

Dans scs commentaires aux Sentences, Hervé Nédélec examine pelle est la nature des moteurs célestes ; il expose, tout d’abord, la doctrine proposée par Aristote en sa Métaphysique ; cette doctrine, il la rejette[2], car elle exclut tout libre arbitre en la volonté de l’intelligence motrice ; « chaque intelligence est déterminée par sa nature à mouvoir l’orbe qui lui est assigné et qui lui est. proportionne, et cela, de telle sorte qu’il lui serait impossible de ne le point vouloir. Selon cette théorie, chaque intelligence est, par sa nature, plus étroitement déterminée à mouvoir son orbe que le feu ne l’est à échauffer ».

Le désir de sauvegarder le libre arbitre de chaque intelligence céleste conduit Hervé Nédélec à proposer[3] une opinion toute semblable à celle de Bernard de Trille :

« Il semble qu’il faille, à la question posée, répondre d’une autre manière, qui est la suivante :

» L’ange n’est pas à ce point déterminé à mouvoir son orbe qu’il désire cette opération, consistant à mouvoir cet orbe, comme une chose sans laquelle sa nature n’acquerrait pas l’état de perfection qui lui convient ; il peut, sans cette opération, posséder l’état parfait qui lui est naturel. Il ne serait point, toutefois, doué de son état de perfection naturelle s’il ne pouvait mouvoir ; ce pouvoir, en effet, résulte de la nature des anges. Mais nous n’entendons pas par là qu’il importe à la perfection d’un ange de mouvoir, en particulier, cet orbe-ci ou celui-là. Cette détermination [qui, à un ange déterminé, assigne tel orbe plutôt que tel autre], doit être, je crois, comprise ainsi : La charge de mouvoir tel corps convient mieux à tel ange qu’à tel autre. De même, si plusieurs fonctionnaires sont au service d’un prince, et si l’on compare entre elles leurs diverses conditions, on voit que telle

1. B. Haureau, Op. laud., p. 313.

2. Hbrvei iNatalis Britonis. ZJoclorfÿ Theoloffi Parisiensis, Præs/anttssrmi ac quondam Ordùus Prædieatorumt Générât ts A/aqïstri fn quatuor Libros sentent tarum Commentaria. Qui bus adiectus est eiusde/n «wc/û/va* Tractai us de paies ! ale Papæ. Parisiis, Apud viduam Dyonisii Moreau et Dyonisium Moreau, filium, via lacobæa sub signo Salamaudræ Argenteæ, MDCXLVIi. Lib. II, disk XlV,quæst. I, art 111, p. 2ZJ4, col. b.

3. Hervé Nédélec, Zoc* ciL, p- 215, col. b.

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