Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VI.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée
47
LA RÉACTION DE LA SCOLASTIQUE LATINE

ajoute que, élevé dans le couvent des Dominicains de Morlaix, Hervé fit, dès sa jeunesse, profession dans cette maison. Une ancienne chronique dominicaine rapporte, au contraire, qu’il commença par appartenir au clergé séculier, qu’il y occupait un rang honorable, et qu’il dut renoncer à de riches bénéfices pour entrer dans l’ordre des Frères Prêcheurs.

» Il était à Paris le 26 juin 1303 et prenait part à la délibération des religieux de son ordre sur le cas de Boniface VIII. On sait qu’ils se prononcèrent, eux aussi, pour la convocation d’un concile général. Pourvu du diplôme de bachelier, Hervé fut admis, suivant l’usage, à commenter les Sentences, Le grade supérieur, celui de licencié en théologie, lui lut accordé vers les fêtes de Pâques de l’année 1307. Nous le voyons, à cette date, figurer parmi les Frères Prêcheurs qui furent chargés de l’enquête relative aux Templiers. Le 25 mars 1308, il fut, avec Jacques de Thérines, du nombre des quatorze maîtres en théologie qui, tout en croyant la condamnation de l’Ordre du Temple justifiée par les aveux déjà reçus, se prononcèrent contre la prétention du roi d’arrêter et de châtier les hérétiques sans en avoir été requis au préalable par l’Église, revendiquèrent pour les Templiers la qualité d’exempts et décidèrent que les biens de l’Ordre devraient recevoir une affectation tout opposée aux secrets calculs de Philippe le Bel.

» Hervé professa la théologie, pendant les deux années suivantes, avec un succès qui le mit en laveur auprès de ses confrères et le fit nommer en 1309, le jour de l’Exaltation de la Sainte Croix, prieur de la province de France, la mort de Guillaume de Cayeux venant de rendre cette charge vacante. En 1314, son général le chargeait, ainsi que d’autres maîtres ou bacheliers de son Ordre, de rechercher les erreurs signalées par la voix publique dans les écrits de leur confrère Durand de Saint-Pour ça in et d’en dresser une liste très sûre. Cette liste nous a été conservée.

» Hervé remplissait depuis neuf ans les fonctions de provincial quand, le 10 juin 1318, un chapitre général, dont il se trouvait être président par suite de la démission de Bérenger de Landore, et qui se composait de plus de quarante membres, s’assembla en la ville de Lyon et l’élut, à l’unanimité, maître général de l’Ordre.

» Dès lors, sa vie se confond presque avec l’histoire de l’Ordre lui-même. »

Il présida les chapitres généraux de Cahors, en mai 1319, de Rouen, en mai 1320, de Florence, en juin 1321, de Vienne en Dauphiné, en mai 1322, de Barcelone, en mai 1323. Au retour