est divisible, qu’il en détient une partie et que cette partie se trouve douée d’une certaine unité, d’une certaine indivision que désigne précisément ce mot d’individualité ; mais cet individu est un certain être subsistant, une certaine substance composée de matière et de forme ; qu’y a-t-il, soit en cette matière, soit en cette forme, qui appartienne en propre à tel individu de telle espèce et qui n’appartienne à aucun autre individu de la même espèce ? L’unité, l’indivision, sont de simples négations ; mais l’être individuel n’est pas chose négative ; quelle est donc cette réalité positive qui s’ajoute à la nature spécifique pour constituer tel individu ?
« Il est bien vrai que l’on accorde en général cette proposition : En sus de la nature humaine, Socrate implique en lui-même quelque chose de positif et de formel par quoi la nature spécifique est déterminée à devenir un certain individu ; Socrate, en effet, n’est pas un être négatif, tandis que l’existence indivise est chose purement négative. Mais qu’est ce quelque chose ? C’est à ce sujet qu’il y a doute.
« Quelques-uns disent : C’est la quantité indivise. » Mais alors Socrate serait simplement un accident, une quantité. Il est clair que cette solution ne vaut rien.
« D’autres prétendent qu’il y a en Socrate une seule forme ; qu’en descendant du genre le plus général jusqu’à l’individu, cette forme donne successivement à Socrate d’être animé, d’être homme, enfin d’être Socrate. Ces existences diverses, cette forme unique les confère par ses degrés de perfection successifs. » Mais ces degrés divers de perfection, que sont-ils ? Une courte discussion montre sans peine « qu’ils ne sauraient rien être que des formes substantielles distinctes ; il y a donc ainsi, en une chose unique, plusieurs formes substantielles ; il y a même, en cette chose, plus de formes substantielles que nous n’en demandons, car il y en a autant qu’il y a de degrés de perfection, et il y a, en outre, la forme principale ». Par une discussion analogue, Henri de Gand avait déjà montré que l’hypothèse d’une tortue substantielle unique douée de divers degrés de perfection équivaut à l’hypothèse de la pluralité des formes substantielles.
« D’autres disent que la substance individuelle implique quelque chose de formel et de positif, qui est du genre substance, et qui est la différence individuelle ; c’est par cette différence individuelle que la nature spécifique humaine se trouve contrainte à être Socrate ; cette différence individuelle appartient au genre de la substance ; on doit entendre qu’il en est de même